Vocabulaire – Réminiscence

Philosophie – Carnet de Vocabulaire Philosophique


Réminiscence

Auteurs – Ouvrages

Platon, Ménon

Ainsi, en tant que l’âme est immortelle et qu’elle a eu plusieurs naissances, en tant qu’elle a vu toute choses, aussi bien celles d’ici-bas que celles de chez Hadès [le monde intelligible des Idées], il n’est pas possible qu’il y ait quelque réalité qu’elle n’ait point apprise. Par conséquent, ce n’est pas du tout merveille que, concernant la vertu comme le reste , elle soit capable de se ressouvenir de ce dont même elle avait certes, auparavant, la connaissance. 81c.

[Socrate expérimente la théorie de la réminiscence avec un jeune esclave, ignorant de la géométrie, et qui réussit pourtant à résoudre un problème géométrique.]

Donc, s’il doit y avoir en lui [le jeune esclave] des pensées vraies, aussi bien dans le temps où il sera un être humain que dans celui où il ne l’aura pas été, pensées qui, une fois réveillées par l’interrogation, deviennent des connaissances, son âme ne doit-elle donc pas avoir appris dans le temps de toujours ? Car, la chose est claire, c’est dans la totalité du temps qu’on est ou qu’on n’est pas un être humain. 86 a.

Platon, Phédon

[…] l’instruction n’étant pour nous rien d’autre précisément que remémoration, il est forcé, je pense, que nous ayons appris dans un temps antérieur les choses dont maintenant nous nous ressouvenons. Or, c’est ce qui est impossible, à moins que notre âme ne soit quelque part, avant de naître dans l’humaine forme que voici. 72 e.

[…] un homme qu’on interroge, s’il est interrogé comme il faut, de lui-même s’exprime sur tous les sujets comme le demandent ceux-ci ; et pourtant, s’il n’en avait pas eu lui-même connaissance et conception droite, il ne serait pas capable de le faire […].73 a.

On pourrait, il est vrai, supposer que, ayant acquis cette connaissance avant de naître, nous l’avons perdue en naissant, mais que, par la suite, l’usage de nos sens, à propos des objets de la connaissance dont il s’agit, nous a fait réacquérir celle-ci, que nous possédions autrefois et auparavant ; est-ce que, dans cette hypothèse, ce que nous appelons “apprendre” ne serait pas réacquérir une connaissance qui nous appartient ? Et sans doute, en appelant cela “se ressouvenir”, nous exprimerions-nous correctement ? 75 e.

Platon, Phèdre

Il faut en effet, chez l’homme, que l’acte d’intelligence ait lieu selon ce qui s’appelle Idée, en allant d’une pluralité de sensations à une unité où se rassemble la réflexion. Or c’est là une remémoration de ces réalités supérieures que notre âme a vues jadis, quand elle cheminait en compagnie d’un Dieu, quand elle regardait de haut ces choses dont à présent nous disons qu’elles existent, quand elle dressait la tête vers ce qui a une existence réelle ! Voilà donc pourquoi, à juste titre, est seule ailée la pensée du philosophe ; car ces réalités supérieures auxquelles par le souvenir elle est constamment appliquée dans la mesure de ses forces, c’est à ces réalités mêmes que ce qui est Dieu doit sa divinité. Or c’est en usant droitement de tels moyens de se ressouvenir qu’un homme qui est toujours parfaitement initié à de parfaites initiations, devient, seul, réellement parfait. 249 c.

Platon, Théétète

[Socrate, maïeutique et réminiscence.]

Quant à mon art d’accoucher à moi, il a, par ailleurs, toutes les mêmes propriétés que celui des sages-femmes, mais il en diffère en ce que ce sont des hommes, et non des femmes qu’il accouche ; en ce que, en outre, c’est sur l’enfantement de leurs âmes, et non de leur corps que porte son examen. 150 b.

Ainsi donc je ne suis précisément savant en rien ; chez moi il ne s’est fait non plus aucune découverte, de nature à être un rejeton de mon âme à moi. D’autre part, ceux qui me fréquentent donnent, pour commencer, l’impression d’être ignorants, quelques-uns même de l’être absolument ; mais chez tous, avec les progrès de cette fréquentation et la permission éventuelle du Dieu, c’est merveille tout ce qu’ils gagnent, à leurs propres yeux comme aux yeux d’autrui ; ce qui en outre est clair comme le jour,n c’est que de moi ils n’ont jamais rien appris, mais que c’est de leur propre fonds qu’ils ont, personnellement, fait nombre de belles découvertes, par eux-mêmes enfantées. 150 d.

Aristote, Petits traités d’histoire naturelle

L’exercice de la réminiscence diffère de celui du souvenir non seulement selon le temps, mais aussi parce qu’un grand nombre d’animaux autres que l’homme ont par aux souvenirs alors que, parmi les animaux que  nous connaissons, il n’y en a pour ainsi dire aucun, à l’exception de l’homme, qui ait part à la réminiscence. La cause en est que l’exercice de la réminiscence est comme une sorte de raisonnement. En effet, celui qui se remémore quelque chose conclut qu’il a antérieurement vu, entendu ou éprouvé quelque affection de cet ordre et c’est là comme une recherche. Or, cela n’arrive par nature qu’aux êtres qui possèdent en outre la délibération, car la délibération est une sorte de raisonnement. 453 a.

Définition

La théorie de la réminiscence de Platon pose que connaître c’est se ressouvenir. L’âme possède déjà toutes les connaissances, qu’elle a acquises dans le monde intelligible des Idées. Lorsqu’elle s’incarne dans le corps, elle oublie qu’elle a déjà ces connaissances, et il faut alors les remémorer par une technique de questionnement comme celle de la maïeutique, l’art d’accoucher les esprits.

Etymologie

Larousse étymologique :

Bas latin philosophique reminiscentia, de reminisci, se souvenir.

Gaffiot :

[Reminisci :] 1. Rappeler à son souvenir, faire acte de souvenir. 2. a) se rappeler quelque chose. b) imaginer par réminiscence. 

Références

Lalande :

Chez Platon, forme mythique du rationalisme, d’après laquelle tout notre pouvoir de connaître la vérité est le souvenir d’un état ancien où, vivant avec les Dieux, nous possédions une vue directe et immédiate des Idées.

Chez Aristote, le même mot est opposé à mémoire ; celle-ci est la simple conservation du passé, et son retour spontané à l’esprit ; la réminiscence, au contraire, est la faculté de se rappeler volontairement des souvenirs, par un effort intellectuel, et de les localiser exactement dans le temps. C’est une fonction de l’intelligence humaine que n’ont pas les animaux.

Psychologie. Retour à l’esprit d’un texte, d’une image antérieurement perçus, mais qui ne sont pas reconnus pour tels. […]

Plus généralement, souvenir vague ou incomplet. 

Morfaux :

Mythe de la réminiscence (Platon) : mythe d’après lequel nos découvertes ne sont que des ressouvenirs de connaissances acquises dans des existences antérieures.

Godin :

[…] connaître c’est se souvenir […]. En s’incarnant, l’âme connaît déjà les Idées qu’elle a pu contempler à loisir lorsqu’elle était dans le monde supérieur [intelligible]. Son travail consiste dès lors à écarter les barreaux de chair que la prison du corps ne cesse d’interposer entre elle et les Idées.

Voir aussi 

 Fiches de lecture : Phédon ou De l’Âme ; Théétète ou De la Science.


Dsirmtcom, mars 2021.

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Un commentaire sur “Vocabulaire – Réminiscence

  1. se souvenir est suffisant.. resouvenir est de trop.. superflu. réminiscence est se souvenir du déjà vu , déjà appris.. donc avoir la connaissance.. ensuite au retour dans cette vie.; on dira il a un don.. ou du talant.; surtout à notre époque où l’on voit tant de petits génies.; que ce soit en chant, en musique , en danse ou autre matière.. un retour avec les acquis.. sans aucun doute..

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