Citations philosophiques – S

BIU Descartes Lettrine S

Source : BIU Santé Descartes

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S

Abandonnez l’homme à la nature, elle le conduira beaucoup mieux que vos lois. Donatien Alphonse François de Sade.

Aime, et fais ce que tu veux. Saint Augustin. Commentaire de la première Épître de saint Jean.

Deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité terrestre ; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité céleste. Saint Augustin, La Cité de Dieu.

Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. Saint Augustin, Confessions.

Ce qui m’apparaît maintenant avec la clarté de l’évidence, c’est que ni l’avenir ni le passé n’existent. Ce n’est pas user de termes propres que de dire : “Il y a trois temps, le passé, le présent et l’avenir.” Peut-être dirait-on plus justement : “Il y a trois temps : le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur.” Car ces trois sortes de temps existent dans notre esprit et je ne les vois pas ailleurs. Le présent du passé, c’est la mémoire ; le présent du présent, c’est l’intuition directe ; le présent de l’avenir, c’est l’attente. Saint Augustin, Confessions.

Le temps n’est rien d’autre qu’une distension. Mais une distension de quoi, je ne sais au juste, probablement de l’âme elle-même. Saint Augustin, Confessions.

Ce qui me tourmente (…) c’est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné. Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes.

La grandeur d’un métier est peut-être, avant tout, d’unir des hommes : il n’est qu’un luxe véritable, et c’est celui des relations humaines. Saint-Exupéry.

J’aurais marché comme un aveugle que ses paumes ont conduit vers le feu. Il ne saurait le décrire et cependant il l’a trouvé. Saint-Exupéry.

Vivre, c’est naître lentement. Saint-Exupéry.

Le métier de témoin m’a toujours fait horreur. Que suis-je, si je ne participe pas ? J’ai besoin, pour être, de participer. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.

Les pierres du chantier ne sont en vrac qu’en apparence, s’il est, perdu dans le chantier, un homme, serait-il seul, qui pense cathédrale. Saint-Exupéry.

Chacun est responsable de tous. Chacun est seul responsable. Chacun est seul responsable de tous. Saint-Exupéry.

Il est aisé de fonder l’ordre d’une société sur la soumission de chacun à des règles fixes (…) Mais la réussite est autrement haute qui consiste, pour délivrer l’homme, à le faire régner sur soi-même.
Délivrer une pierre ne signifie rien s’il n’est point de pesanteur. Car la pierre, une fois libre, n’ira nulle part. Saint-Exupéry.

L’individu n’est qu’une route. L’homme qui l’emprunte compte seul. Saint-Exupéry

L’homme et la forêt. Et quand il n’y aura plus rien que l’homme, l’homme s’emmerdera excessivement. Saint-Exupéry.

Ainsi, l’essentiel du cierge n’est point la cire qui laisse des traces, mais la lumière.
Force-les de bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frères. Mais si tu veux qu’ils se haïssent, jette-leur du grain. Saint-Exupéry.

Mais qui reprochera au cèdre de n’être encore que graine ou tige ou brindille poussée de travers ? Laisse faire. D’erreur en erreur se soulèvera la forêt de cèdres qui distribuera, les jours de grand vent, l’encens de ses oiseaux. Saint-Exupéry.

On marche en soi-même vers la vérité mais l’esprit de l’homme est semblable à l’ascension des montagnes. Tu vois la crête, il te semble l’atteindre et tu découvres d’autres crêtes, d’autres ravins et d’autres pentes. Saint-Exupéry.

Il faut devenir pour comprendre. Saint-Exupéry.

L’ami d’abord c’est celui qui ne juge point (…) C’est la part qui est pour toi et qui ouvre pour toi une porte qu’il n’ouvre peut-être jamais ailleurs. Saint-Exupéry.

Créer le navire, ce n’est point le prévoir en détail. (…) Je n’ai point à connaître chaque clou du navire. mais je dois apporter aux hommes la pente vers la mer. Saint-Exupéry.

Etre homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face de la misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. Saint-Exupéry.

L’enfer, c’est les autres. Sartre, Huis clos.

L’homme est condamné à être libre. Sartre, L’Existentialisme est un humanisme.

L’homme n’est rien d’autre que son projet. Il n’existe que dans la mesure où il se réalise, il n’est donc rien d’autre que l’ensemble de ses actes, rien d’autre que sa vie. Sartre, L’Existentialisme est un humanisme.

La honte dans sa structure première est honte devant quelqu’un. (…) Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même : j’ai honte de moi tel que j’apparais à autrui (…). Je reconnais que je suis comme autrui me voir. Sartre, L’être et le Néant.

Tout crime est toujours un peu révolte. C’est ce qui attire en lui : il y a toujours en lui un libre choix du Mal absolu, c’est-à-dire l’affirmation d’une liberté contre toutes les valeurs données (…) ; il y a toujours en lui le refus de l’ordre et de la négativité, il y a toujours en lui cette destruction par où la conscience s’affirme dans sa solitude terroriste. Tout crime est toujours un peu un cogito. Sartre, Cahiers pour une morale.

La conscience n’a pas de “dedans” ; elle n’est rien que le dehors d’elle-même et c’est cette fuite absolue, ce refus d’être substance, qui la constituent comme une conscience. Sartre, Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl : l’intentionnalité.

L’homme se fait ; il n’est pas tout à fait d’abord, il se fait en choisissant sa morale, et la pression des circonstances est telle qu’il ne peut pas ne  pas en choisir une. Sartre, L’Existentialisme est un humanisme.

Ce qu’il faut noter tout d’abord c’est le caractère absurde de la mort. En ce sens, toute tentation de la considérer comme un accord de résolution au terme d’une mélodie doit être rigoureusement écartée. On a souvent dit que nous étions dans la situation d’un condamné parmi les condamnés, qui ignore le jour de son exécution, mais qui voit exécuter chaque jour ses compagnons de geôle. Ce n’est pas tout à fait exact : il faudrait plutôt nous comparer à un condamné à mort qui se prépare bravement au dernier supplice, qui met tous ses soins à faire belle figure sur l’échafaud, et qui, entre-temps, est enlevé par une épidémie de grippe espagnole. Sartre, L’être et le Néant.

Chaque personne est un choix absolu de soi. Sartre, L’être et le Néant.

Jamais nous n’avons été plus libres que sous l’occupation allemande. Nous avions perdu tous nos droits et d’abord celui de parler (…). Le choix que chacun faisait de lui-même était authentique, puisqu’il se faisait en présence de la mort, puisqu’il aurait toujours pu s’exprimer sous la forme “Plutôt la mort que… ”. Sartre, Situations.

Je ne puis prendre ma liberté pour but, que si je prends également celle des autres pour but. Sartre, L’Existentialisme est un humanisme.

L’existentialisme n’est pas tellement un athéisme au sens où il s’épuiserait à démontrer que Dieu n’existe pas. Il déclare plutôt : même si Dieu existait, ça ne changerait rien. Sartre, L’Existentialisme est un humanisme.

Nous rencontrons d’abord ce paradoxe : le passé n’est plus, l’avenir n’est pas encore, quant au présent instantané, chacun sait bien qu’il n’est pas du tout, il est la limite d’une division infinie, comme le point sans dimension. Sartre, L’Être et le Néant.

Qu’est-ce que signifie ici que l’existence précède l’essence ? Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après. (…) L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait. Sartre, L’Existentialisme est un humanisme.

Être homme, c’est tendre à être Dieu ; ou, si l’on préfère, l’homme est fondamentalement désir d’être Dieu. Sartre, L’Être et le Néant.

Si je range l’impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe quoi. Sartre, Les Mots.

Exister, c’est être là, simplement ; les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire. Il y a des gens, je crois, qui ont compris ça. Seulement ils ont essayé de surmonter cette contingence en inventant un être nécessaire et cause de soi. Or aucun être nécessaire ne peut expliquer l’existence : la contingence n’est pas un faux-semblant, une apparence qu’on peut dissiper : c’est l’absolu, par conséquent la gratuité parfaite. Sartre, La Nausée, p. 187.

Tout existant naît sans raison, se prolonge par faiblesse et meurt par rencontre. […] l’existence est un plein que l’homme ne peut quitter. Sartre, La Nausée, p. 190.

On ne pouvait même pas se demander d’où ça sortait, tout ça, ni comment il se faisait qu’il existât un monde, plutôt que rien. Ça n’avait pas de sens, le monde était partout présent, devant, derrière. Il n’y avait rien eu avant lui. Rien. Il n’y avait pas eu de moment où il aurait pu ne pas exister. […] C’était impensable : pour imaginer le néant, il fallait qu’on le trouve déjà là, en plein monde et les yeux grands ouverts et vivant ; le néant ça n’était qu’une idée dans ma tête, une idée existante flottant dans l’immensité : ce néant n’était pas venu avant l’existence, c’était une existence comme une autre et apparue après beaucoup d’autres. Sartre, La Nausée, p. 191-192.

Je me levai, je sortis. Arrivé à la grille, je me suis retourné. Alors le jardin m’a souri. Je me suis appuyé sur la grille et j’ai longtemps regardé. Le sourire des arbres, du massif de laurier, ça voulait dire quelque chose ; c’était ça le véritable secret de l’existence. Sartre, La Nausée, p. 192.

La liberté qui est ma liberté demeure totale et infinie ; non que la mort ne la limite pas, mais parce que la liberté ne rencontre jamais cette limite, la mort n’est aucunement un obstacle à mes projets ; elle est seulement un destin ailleurs de ces projets. Je ne suis pas « libre pour mourir mais je suis un libre mortel. Sartre, L’Être et le Néant, p. 719.

La conséquence essentielle de nos remarques antérieures, c’est que l’homme, étant condamné à être libre, porte le poids du monde tout entier sur ses épaules : il est responsable du monde et de lui-même en tant que manière d’être. Nous prenons le mot de « responsabilité » en son sens banal de « conscience (d’) être l’auteur incontestable d’un événement ou d’un objet ». Sartre, L’Être et le Néant, p. 727.

[L’homme] est l’être par qui le néant vient au monde. Sartre, L’Être et le Néant, p. 67.

L’être est. L’être est en soi. L’être est ce qu’il est. […] Ainsi, nous sommes parti des « apparitions » et nous avons été conduits progressivement à poser deux types d’êtres : l’en-soi et le pour-soi. Sartre, L’Être et le Néant, Introduction, p. 38.

Ainsi le pour-soi doit-il être son propre néant. L’être de la conscience, en tant que conscience, c’est d’exister à distance de soi comme présence à soi et cette distance nulle que l’être porte dans son être, c’est le Néant. Ainsi, pour qu’il existe un soi, il faut que l’unité de cet être comporte son propre néant comme néantisation de l’identique. […] Le pour-soi est l’être qui se détermine lui-même à exister en tant qu’il ne peut pas coïncider avec lui-même. Sartre, L’Être et le Néant, p. 135.

Si, en effet, l’existence précède l’essence, on ne pourra jamais expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée ; autrement dit, il n’y a pas de déterminisme, l’homme est libre, l’homme est la liberté. Si, d’autre part, Dieu n’existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite. Ainsi, nous n’aurons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine numineux [relatif au divin] des valeurs, des justifications ou des excuses. Nous sommes seuls, sans excuses. C’est ce que j’exprimerai en disant que l’homme est condamné à être libre. Sartre, L’Existentialisme est un humanisme, p. 39.

Seuls les actes décident de ce qu’on a voulu. […] On meurt toujours trop tôt – ou trop tard. Et cependant la vie est là, terminée : le trait est tiré, il faut faire la somme. Tu n’est rien d’autre que ta vie. Sartre, Huis clos, Scène 5, p. 90.

L’homme est placé sur une cime telle que c’est en lui-même qu’il possède à égalité l’origine de son auto-mouvement vers le bien ou le mal : le lien des principes n’est pas en lui nécessaire, mais libre. Il se dresse à la croisée des chemins ; quoiqu’il choisisse, ce sera son acte. F.W.J. Von Schelling, Recherches philosophiques sur l’essence de la liberté humaine et les sujets qui s’y rattachent.

Un beau tableau naît en quelque sorte lorsque l’invisible paroi qui sépare le monde réel du monde idéal est supprimée ; il n’est que l’ouverture par laquelle les figures et les contrées du monde imaginaire, dont on n’aperçoit qu’imparfaitement l’éclat dans le monde réel, émergent totalement. Schelling, Textes esthétiques.

Une oeuvre d’art qui ne se représente pas immédiatement, ou du moins en reflet, un infini, n’est rien. Schelling, Textes esthétiques.

La satisfaction d’aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C’est comme l’aumône qu’on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd’hui la vie pour prolonger sa misère jusqu’à demain. Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation.

Les hommes se groupent, afin de s’ennuyer en commun. Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie.

L’homme est un animal métaphysique. Schopenhauer, Les compléments.

Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’éloigner les uns des autres. Quand le besoin de se chauffer les rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux souffrances, jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendit la situation supportable. Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur propre intérieur, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses qualités repoussantes et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. Schopenhauer, Parerga und Paralipomena, voir Aphorismes sur la sagesse de la vie.

On ne peut être vraiment soi qu’aussi longtemps qu’on est seul ; qui n’aime donc pas la solitude n’aime pas la liberté, car on est libre qu’étant seul. Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie.

La définition d’une existence heureuse serait : une existence qui, vue objectivement, ou après une réflexion mûre et froide, serait décidément préférable au non-être. Du concept d’une telle existence suit qu’on la veut pour elle-même, et non seulement par crainte de la mort, d’où il suit également que l’on voudrait qu’elle fût d’une durée infinie. Si la vie humaine s’accorde ou peut s’accorder avec le concept d’une telle existence, c’est une question à laquelle ma philosophie répond par la négative. L’eudémonologie, elle, présuppose sans plus son affirmation. Schopenhauer.

La vie n’est qu’un combat perpétuel pour l’existence même, avec la certitude d’être enfin vaincus. Et ce qui leur [les hommes] fait endurer cette lutte avec ses angoisses, ce n’est pas tant l’amour de la vie, que la peur de la mort, qui pourtant est là dans l’ombre, prête à paraître à tout instant. Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation.

Le plus enviable de tous les biens sur terre est de n’être point né et de n’avoir jamais vu les rayons ardents du soleil ; si l’on naît, de franchir au plus tôt les portes de l’Hadès et de reposer sous un épais manteau de terre. Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation.

L’homme ne fait jamais que ce qu’il veut, et pourtant il agit toujours nécessairement. La raison est qu’il est déjà ce qu’il veut, car de ce qu’il est découle naturellement tout ce qu’il fait, et il ne peut en être autrement. Schopenhauer, Sur le libre arbitre.

La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui. Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation.

Vous ferez les mêmes choses, mais vous les ferez sans trouble, d’un esprit plus ferme et plus résolu ; vous pourrez ainsi mieux goûter les mêmes plaisirs. Sénèque, Lettres à Lucilius.

C’est pourquoi, je ne dis point comme la plupart des nôtres, que la secte Épicure enseigne le libertinage ; mais je dis : on la comprend mal, elle est décriée bien à tort. Mais qui peut le savoir, s’il n’est admis dans l’intérieur de l’école ? Sa façade donne lieu à la légende et invite à un coupable espoir. Sénèque.

Ce qui est un bien, ce n’est pas de vivre, mais de vivre bien. Voilà pourquoi le sage vivra autant qu’il le doit, non pas autant qu’il le peut. Sénèque, Lettres à Lucilius.

Il faut séparer ces deux choses : la crainte de l’avenir et le souvenir des difficultés d’autrefois : ceci ne me concerne plus, ceci ne me concerne pas encore. – Le sage jouit du présent sans dépendre du futur. Libérés des lourds soucis qui torturent l’âme, il n’espère rien, il ne désire rien, et il ne s’élance pas dans l’incertain, car il se contente de ce qu’il a [c’est-à-dire du présent, la seule chose qui soit à nous]. Et ne crois pas qu’il se contente de peu, car ce qu’il a [le présent], c’est toutes choses. Sénèque, Lettres à Lucilius.

Celui qui a vécu chaque jour sa vie complète possède la tranquillité d’âme. Sénèque, Lettres à Lucilius.

Combien il est naturel à l’homme d’étendre son esprit dans l’infini. Sénèque, Lettres à Lucilius.

Un travail sans arrêt brise l’élan de l’esprit ; il reprendra ses forces en se détendant. Sénèque, De la tranquillité de la vie.

On remet la vie à plus tard, et pendant ce temps elle s’en va. Sénèque.

Est-ce merveille qu’on n’arrive pas au faîte quand on s’attaque à de si rudes montées ? Admirez du moins, lors même qu’ils tombent, leur généreuse audace. Sénèque, La vie heureuse, XX.

Je ne saurais te rien donner qui fût digne de toi, et c’est par là que je sens ma pauvreté. Sénèque, Les Bienfaits, Livre I, 8.

Hercule ne vainquit jamais par lui-même : il traversa le monde non en conquérant, mais en libérateur. Sénèque, La vie heureuse.

Le pire se reconnaît à la foule qui le suit. Cherchons ce qu’il y a de mieux à faire, non ce qui est le plus habituel. Sénèque, La vie heureuse.

Le sage est sans passions. Sénèque, Lettres à Lucilius.

Qu’arrivera-t-il ? Tu as tes occupations et la vie se hâte ; sur ces entrefaites la mort sera là, à laquelle, bon gré mal gré, il faut bien finir par se livrer. Sénèque, De la brièveté de la vie.

Le plus grand obstacle à la vie, c’est l’attente, qui se suspend au lendemain et ruine l’aujourd’hui. Tu l’occupes de ce qui dépend de la chance ; et ce qui est en ton pouvoir, tu le laisses aller ! Où vont tes regards, à quoi s’étendent tes pensées ? Tout ce qui arrivera plus tard est du domaine de l’incertain : vis dès maintenant. Sénèque, De la brièveté de la vie.

L’homme est une chose sacrée pour l’homme. Sénèque, Lettres à Lucilius.

Il y a une grande différence entre la philosophie et la sagesse. La sagesse est le souverain bien de l’esprit humain. La philosophie est l’amour et la poursuite de cette perfection. (…) L’une chemine, l’autre est le but. Sénèque, Lettres à Lucilius.

Mieu vaut prendre les choses à la légère, et les supporter avec bonne humeur : il est plus humain de rire de la vie que d’en pleurer (…) Toutefois, le mieux est d’accepter sereinement le train du monde et les défauts de l’humanité, sans se laisser aller ni au rire ni aux larmes. Se tourmenter des maux d’autrui, c’est une torture sans fin ; s’en réjouir, un plaisir indigne de l’homme. Sénèque, De la tranquillité de l’âme.

Le destins conduisent une volonté docile, ils entraînent celle qui résiste. Sénèque, Lettre à Lucilius, 107.

Tout ce qui nous environne au dehors d’un éclat fortuit, postérité, honneurs, richesses, vastes palais, vestibules encombrés de clients qu’on repousse, une épouse illustre, d’un sang noble, d’une beauté parfaite, enfin tous les autres biens qui relèvent de l’incertaine et mobile fortune, tout cela est appareil étranger que l’on nous prête, mais dont rien n’est donné en propre. La scène du monde est ornée de décorations d’emprunt qui doivent retourner à leurs maîtres. Les unes s’en iront aujourd’hui, les autres demain : bien peu resteront jusqu’au dénouement. Sénèque, Consolation à Marcia, 10,1

Pendant qu’on la diffère, la vie passe en courant. Sénèque, Lettres à Lucilius, I.

Plus exquis sont les fruits au moment de les perdre, plus grande est la grâce de l’enfance à son terme. Sénèque, Lettres à Lucilius, XII.

A toute raison s’oppose une raison de force égale. Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhoniennes.

Puisque n’existent ni le présent, ni le passé, ni le futur, le temps non plus n’existe pas ; car ce qui est formé de la combinaison de choses irréelles est irréel. Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhoniennes.

Les choses que le mal a commencées se consolident par le mal. William Shakespeare, Macbeth.

Avant tout, sois loyal envers toi-même ; et aussi infailliblement que la nuit suit le jour, il s’ensuivra que tu ne pourras être déloyal envers personne. Shakespeare.

Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil. Shakespeare, La tempête.

Voir déjà de l’amour dans l’acte sexuel relève sans doute d’un optimisme très noble, d’un effort idéaliste pour anoblir l’inférieur – mais il y a là une aberration totale. La vie ne prend pas sa source dans l’amour, mais l’amour dans la vie. Georg Simmel, Philosophie de l’amour.

L’homme [est] la créature qui vit dans l’enclos des disciplines. Peter Sloterdijk, Tu dois changer ta vie.

Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. Adam Smith, La Richesse des nations.

Connais-toi toi-même. Socrate, Alcibiade (Platon).

Il n’y a pas d’homme heureux. Tous, la douleur les point, les hommes qui voient le soleil. Solon.

Las, race des mortels, que votre vie est égale au néant. Sophocle, Oedipe-Roi.

Il y a bien des merveilles en ce monde, mais il n’en est pas de plus grande que l’homme. Sophocle, Antigone.

C’est pourquoi user des choses et y prendre plaisir autant qu’il se peut (non certes jusqu’au dégoût, car ce n’est plus y prendre plaisir) est d’un homme sage. Spinoza, Éthique.

Nul moyen de gouverner la multitude n’est plus efficace que la superstition. [C’est elle qui fait] adorer les rois comme des dieux. Spinoza, Traité théologico-politique.

Un homme libre ne pense à aucune chose moins qu’à la mort. Spinoza, Éthique.

Nul ne sait ce que peut un corps. Spinoza, Éthique.

La volonté de Dieu est l’asile de l’ignorance. Spinoza, Éthique.

Il est d’un homme sage d’user des choses et d’y prendre plaisir autant qu’on le peut… De faire servir à sa réfection et à la réparation de ses forces des aliments et des boissons agréables pris en quantité modérée, comme aussi les parfums, l’agrément des plantes vertes, la parure, la musique, les spectacles et tout ce dont chacun peut user sans dommage pour autrui. Spinoza, Éthique.

Nous avons posé par exemple parmi les règles de vie que la haine doit être vaincue par l’amour et la générosité, et non compensée par une haine réciproque. Pour avoir ce précepte de la raison toujours présent quand il sera utile, il faut penser souvent aux offenses que se font communément les hommes et méditer sur elles, ainsi que sur la manière et le moyen de les repousser le mieux possible par la générosité ; de la sorte en effet nous joindrons l’image de l’offense à l’imagination de cette règle, et elle ne manquera jamais de s’offrir à nous quand une offense nous sera faite. Spinoza, Éthique.

Alors l’offense, c’est-à-dire la haine qui en naît habituellement, occupera une partie minime de l’imagination et sera aisément surmontée. Spinoza.

[Sagesse :)] (…) une méditation non de la mort mais de la vie. Spinoza, Éthique.

Les hommes sont, je l’ai souvent dit, conscients, certes, de leurs actions et appétits, mais ignorants des causes qui les déterminent à avoir tel appétit. Spinoza, Éthique.

La Haine n’est jamais bonne. Spinoza, Éthique.

Qui vit sous la conduite de la raison s’efforce autant qu’il peut, face à la Haine, à la Colère, à la Mésestime, etc. d’autrui envers lui, de les compenser en retour par l’Amour, autrement dit par la Générosité. Spinoza, Éthique.

La méditation du sage n’est pas une méditation de la mort, mais de la vie. Spinoza, Éthique.

Ce que j’appelle servitude, c’est l’impuissance de l’homme à gouverner et à contenir ses passions. Spinoza, Éthique.

L’homme [n’est pas] un empire dans un empire. Spinoza, Éthique.

“Deus sive natura” [Dieu, c’est-à-dire la nature]. Spinoza, Éthique.

Est bon ce que je désire. Spinoza, Éthique.

Ni le Corps ne peut déterminer l’Âme à penser, ni l’Âme le Corps au mouvement ou au repos ou à quelque autre manière d’être que ce soit (s’il en est quelque autre). Spinoza, Éthique, III, proposition II.

Tous les modes de penser ont Dieu pour cause en tant qu’il est chose pensante, non en tant qu’il s’explique par un autre attribut. Ce donc qui détermine l’Âme à penser est un mode du Penser et non de l’Étendue, c’est-à-dire que ce n’est pas un Corps […]. De plus, le mouvement et le repos du Corps doivent venir d’un autre corps qui a également été déterminé au mouvement et au repos par un autre, et, absolument parlant, tout ce qui survient dans un corps a dû venir de Dieu en tant qu’on le considère comme affecté d’un mode de l’Étendue et non d’un mode du Penser […]. Spinoza, Éthique, III, proposition II.

[…] certes les affaires des hommes seraient en bien meilleur point s’il était également au pouvoir des hommes tant de se taire que de parler, mais, l’expérience l’a montré surabondamment, rien n’est moins au pouvoir des hommes que de tenir leur langue, et il n’est rien qu’ils puissent moins faire que de gouverner leurs appétits ; et c’est pourquoi la plupart croient que notre liberté d’action existe seulement à l’égard des choses où nous tendons légèrement, parce que l’appétit peut en être aisément contraint par le souvenir de quelque autre chose fréquemment rappelée ; tandis que nous ne sommes pas du tout libres quand il s’agit de choses auxquelles nous tendons avec une affection vive que le souvenir d’une autre chose ne peut apaiser. […] C’est ainsi qu’un petit enfant croit librement appéter le lait, un jeune garçon en colère vouloir la vengeance, un peureux la fuite. Un homme en état d’ébriété aussi croit dire par un libre décret de l’Âme ce que, sorti de cet état, il voudrait avoir tu ; de même le délirant, la bavarde, l’enfant et un très grand nombre d’individus de même farine croient parler par un libre décret de l’Âme, alors cependant qu’ils ne peuvent contenir l’impulsion qu’ils ont à parler. Spinoza,Éthique, III, proposition II.

Chacun, en effet, gouverne tout suivant son affection, et ceux qui, de plus, sont dominés par des affections contraires, ne savent ce qu’ils veulent ; pour ceux qui sont sans affection, ils sont poussés d’un coté ou de l’autre par le plus léger motif. Spinoza, Éthique, III, proposition II.

Il est deux processus que les êtres humains ne sauraient arrêter aussi longtemps qu’ils vivent : respirer et penser. En vérité, nous sommes capables de retenir notre respiration plus longtemps que nous ne pouvons nous abstenir de penser. A la réflexion, cette incapacité à arrêter la pensée, à cesser de penser, est une terrifiante contrainte. Georges Steiner, Dix raisons (possibles) à la tristesse de pensée.

Celui qui sait quand il faut combattre et quand il faut s’abstenir sera victorieux. Sunzi, L’Art de la guerre.

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