José Martí, La Edad de Oro – I.6.2. La Ilíada, de Homero [L’Iliade, d’Homère] – Seconde partie

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Philosophie – Fiches de lecture

Fiches de lecture n° 36-1-6-2 – José Martí, La Edad de Oro – La Ilíada, de Homero [L’Iliade, d’Homère] – Seconde partie


Sommaire

Présentation générale
Premier numéroSecond numéroTroisième numéroQuatrième numéro


La Ilíada, de Homero [L’Iliade, d’Homère]


Première partieSeconde partie*

Source : habanaradio.cu

Seconde partie

On se sent comme un géant, ou comme si on était au sommet d’une montagne, avec la mer sans fin à ses pieds, lorsqu’on lit ces vers de l’Iliade, qui ressemblent à des lettres de pierre. En anglais, il y a de très bonnes traductions, et celui qui connaît l’anglais doit lire l’Iliade de Chapman, celle de Dodsley, ou celle de Landor, qui tiennent plus d’Homère que celle de Pope, qui est la plus élégante. Celui qui connaît l’allemand, peut lire la version de Wolff, qui est comme lire le grec lui-même. Celui qui ne connaît pas le français, qu’il l’apprenne tout de suite, pour jouir de toute la beauté de ces temps-là dans la traduction de Leconte de Lisle, dont les vers sont écrits à la façon antique, comme s’ils étaient en marbre. En espagnol, il vaut mieux ne pas lire la traduction qui existe, qui est d’Hermosilla ; parce que les paroles de l’Iliade sont là, mais pas la fougue, le mouvement, la majesté, la divinité parfois du poème dans lequel il semble qu’on voit se lever le monde, – dans lequel les hommes tombent comme des chênes ou comme des pins, – dans lequel le guerrier Ajax défend avec des lances son navire des Troyens les plus vaillants, – dans lequel Hector avec une pierre fait s’écrouler la porte d’une forteresse, dans laquelle les deux chevaux immortels, Xanthos et Balios, pleurent de douleur quand ils voient mort leur maître Patrocle, – et les déesses amies, Junon et Minerve, viennent du ciel dans un char qui à chaque tour de roue traverse autant d’espace que verrait un homme assis sur une montagne, depuis son siège de roche, jusqu’à l’endroit où le cycle rejoint la mer.

Chaque tableau de l’Iliade est une scène comme celles-là. Quand les rois craintifs laissent Achille seul dans leur dispute avec Agamemnon, Achille va pleurer sur le bord de la mer, où sont depuis dix ans les navires des cent mille Grecs qui attaquent Troie : et la déesse Thétis sort pour l’écouter, comme une brume qui s’élève des vagues. Thétis monte au ciel et Jupiter lui promet, même si Junon est en colère, que les Troyens vaincront les Grecs jusqu’à ce que les rois se repentent de leur offense à Achille. Il y a de grands guerriers parmi les Grecs : Ulysse, qui était si grand qu’il marchait parmi les autres hommes comme un mâle parmi un troupeau de béliers ; Ajax, avec son bouclier de huit couches, sept de cuir et une de bronze ; Diomède, qui entre dans le combat resplendissant, dévastateur comme un lion affamé dans un troupeau : – mais pendant qu’Achille est offensé, les vainqueurs seront les guerriers de Troie : Hector, le fils de Priam ; Enée, le fils de la déesse Vénus; Sarpédon, le plus courageux des rois qui est venu aider Troie, qui est monté au ciel dans les bras du Sommeil et de la Mort, pour être embrassé sur le front par son père Jupiter, quand Patrocle le tua avec une lance. Les deux armées approchent pour combattre : les Grecs, silencieux, bouclier contre bouclier; les Troyens donnent de la voix, comme des moutons bêlant après leurs jeunes agneaux. Paris défia Ménélas, puis fit demi-tour ; mais la bellissime Hélène elle-même le qualifia de lâche, et Paris, le beau prince qui rendait les femmes amoureuses, consentit à se battre, de char à char, contre Ménélas, avec lance, épée et bouclier : les hérauts viennent et tirent au sort avec deux pierres dans un casque, pour voir qui pointera sa lance en premier. Paris tire le premier, mais Ménélas l’entraîne, quand Vénus lui détache le casque de la barbe, et disparaît avec Paris dans les nuages. Puis c’est la trêve ; jusqu’à ce que Minerve, vêtue comme le fils du troyen Anténor, conseille traîtreusement à Pandare de lancer la flèche sur Ménélas, la flèche de l’arc énorme aux deux cornes et la jointure en or, afin que les Troyens passent pour des traîtres à la face du monde, et que soit plus facile la victoire des Grecs, les protégés de Minerve. Pandare tire la flèche : Agamemnon va de tente en tente faire se lever les rois: puis c’est le grand combat dans lequel Diomède blesse le dieu Mars lui-même, qui s’élève dans le ciel avec des cris terribles dans un nuage de tonnerre, comme quand souffle le vent du sud ; puis c’est la belle entrevue d’Hector et d’Andromaque, quand le garçon ne veut pas serrer Héctor dans ses bras parce qu’il a peur du casque de plumes, et qu’ensuite il joue avec le casque, pendant qu’Hector dit à Andromaque de prendre soin des choses de la maison, quand il retournera combattre. Le lendemain, Hector et Ajax se battent comme des sangliers sauvages jusqu’à ce que le ciel s’obscurcisse : ils se battent avec des pierres quand ils n’ont plus ni lance ni épée : les hérauts viennent les séparer, Hector offre à Ajax sa fine épée de poing, et Ajax donne à Hector une ceinture de pourpre.

Cette nuit, il y a un banquet chez les Grecs, avec des vins de miel et des bœufs rôtis ; et Diomède et Ulysse entrent seuls dans le camp ennemi pour espionner ce que prépare Troie, et ils reviennent, tachés de sang, avec les chevaux et le char du roi thrace. À l’aube, la bataille a lieu sur la muraille que les Grecs ont construite sur la plage devant leurs navires. Les Troyens ont battu les Grecs dans la plaine. Il y a eu cent batailles sur les corps des héros morts. Ulysse défend le corps de Diomède avec son bouclier, et les Troyens tombent sur lui comme les chiens sur le sanglier. Depuis les murs, les rois grecs pointent leurs lances contre le victorieux Hector, qui attaque de toutes parts. Les braves tombent, ceux de Troie et ceux de Grèce, comme les pins sous les haches du bûcheron. Hector va d’une porte à l’autre, comme un lion affamé. Il soulève une pierre pointue que deux hommes n’auraient pas pu déplacer, il abat la porte principale et court par-dessus les morts pour attaquer les navires. Chaque Troyen porte une torche pour incendier aux navires grecs : Ajax, fatigué de tuer, ne peut déjà plus résister à l’attaque sur la proue de son navire, et bataille à l’arrière, depuis le bordage : déjà le ciel s’embrase de l’éclat de leurs appels. Achille n’aide pas encore les Grecs : il ne porte pas attention à ce que les ambassadeurs d’Agamemnon lui disent : il ne saisit pas le bouclier d’or, il ne suspend pas son épée à son épaule, il ne saute pas avec des pieds légers sur le char, il n’empoigne pas la lance qu’aucun homme ne peut soulever, la lance du Combat. Mais son ami Patrocle le supplie et il consent à le revêtir de son armure et à le laisser aller se battre. A la vue des armes d’Achille, à la vue des Myrmidons, qui entrent dans la bataille enserrés comme les pierres d’un mur, les Troyens effrayés se retirent. Patrocle se place entre eux et tue neuf héros à chaque tour de char. Le grand Sarpédon sort sur le chemin, et  avec la lance Patrocle lui traverse les tempes. Mais Patrocle a oublié l’ordre d’Achille, de ne pas s’approcher trop près des murs. Apollon invincible l’attend au pied des murs, il monte dans le char, l’étourdit d’un coup à la tête, fait tomber le casque d’Achille, qui n’avait jamais touché le sol, brise la lance de Patrocle, et il ouvre le corset, pour qu’Hector puisse le blesser. Patrocle tomba et les chevaux divins pleurèrent. Quand Achille a vu son ami mort, il s’est jeté à terre, se couvrant de sable la tête et le visage, s’arrachant à grands cris sa crinière jaune. Et quand ils lui amenèrent Patrocle dans un cercueil, Achille pleura. Sa mère monta au ciel, pour que Vulcain lui fasse un nouveau bouclier, avec le dessin de la terre et du ciel, de la mer et du soleil, de la lune et de tous les astres, et une ville en paix et une autre en guerre, et un vignoble quand ils sont en train de recueillir les raisins mûrs, et un enfant chantant dans une harpe, et un troupeau de boeufs qui va labourer, et des danses et de la musique de bergers, et autour, comme un fleuve, la mer : et il lui fit un corset qui luisait comme du feu, et un casque avec une visière d’or. Quand il sortit à la muraille pour donner les trois voix, les Troyens se jetèrent en trois vagues contre la cité, les chevaux brisèrent le char avec leurs hanches dans la terreur, et des hommes et des brutes moururent dans la confusion, à la seule vue d’Achille sur la muraille, avec une flamme au-dessus de la tête qui resplendissait comme le soleil d’automne. Déjà Agamemnon s’était repenti, déjà le conseil des rois l’avait renvoyé à Briséis, qui pleurait de voir Patrocle mort, parce qu’il était aimable et bon.

Le lendemain, au lever du soleil, comme des criquets fuyant l’incendie, le peuple de Troie entre épouvanté dans le fleuve, fuyant Achille, qui tue comme moissonne la faucille, et en un tour de char emporte douze captifs. Il bute sur Hector ; mais ils ne peuvent combattre, parce que les dieux ont jeté de côté leurs lances. Dans le fleuve, Achille était comme un grand dauphin, et les Troyens étaient mis en pièces en le fuyant, comme des poissons. Depuis les murailles, le vieux père d’Hector le supplie de ne pas se battre avec Achille : sa mère le supplie. Achille arrive : Hector s’enfuit : par trois fois ils font le tour de Troie en chars. Tout Troie est dans les murs, le père s’arrachant la barbe des deux mains ; la mère, les bras tendus, pleurant et suppliant. Hector s’arrête et parle à Achille avant de combattre, afin qu’il n’emporte pas son cadavre s’il le vainc. Achille réclame le corps d’Hector, pour qu’il soit brûlé lors des funérailles de son ami Patrocle. Ils combattent. Minerve est avec Achille : elle dirige ses coups: elle lui apporte la lance, sans que personne ne la voie : Hector, sans lance maintenant, attaque Achille comme un aigle qui descend du ciel, les griffes déployées, sur un cadavre : Achille est au-dessus de lui, la tête baissée, et la lance du Combat brille dans sa main comme l’étoile du soir. Il enfonce la lance dans le cou d’Hector, qui tombe mort, demandant à Achille de donner son cadavre à Troie. Depuis les murailles, le père et la mère ont vu le combat. Les Grecs viennent autour du mort, le harponnent, le font tourner par les pieds d’un côté à l’autre, et ils se moquent. Achille ordonne de percer ses chevilles, et que deux bandes de cuir soient passées dans les trous : et il l’emporte dans le char en le traînant.

Alors ils élevèrent avec des branches un grand bûcher pour brûler le corps de Patrocle. Ils conduisirent Patrocle au bûcher en procession, et chaque guerrier se coupa une mèche de cheveux et la posa sur le cadavre ; ils sacrifièrent quatre chevaux de guerre et deux chiens ; Achille tua les douze prisonniers de sa main et les jeta sur le bûcher ; et ils déposèrent le cadavre d’Hector sur un côté, comme un chien mort ; et ils brûlèrent Patrocle, refroidirent les cendres avec du vin et les mirent dans une urne d’or. Ils jetèrent de la terre sur l’urne, jusqu’à ce qu’elle soit comme un mont. Achille attacha chaque matin Hector à son char par les pieds, et fit trois fois le tour du mont. Mais le corps d’Hector n’en fut pas endommagé, ni sa beauté ne disparut, car Vénus et Apollon en prenaient soin depuis l’Olympe.

Il y eu ensuite la célébration des funérailles, qui dura douze jours : d’abord une course avec les chars de combat, que Diomède avait gagnés ; puis un combat de poing à deux, jusqu’à ce que l’un soit laissé pour mort ; plus tard, un combat de corps nus, entre Ulysse et Ajax ; une course à pied que gagna Ulysse; un combat avec bouclier et lance ; un autre de flèches, pour voir qui était le meilleur archer ; et un autre de lanciers, pour voir qui enverrait la lance le plus loin.

Une nuit, soudainement, Achille entendit du bruit dans sa tente, et il vit que c’était Priam, le père d’Hector, qui était venu sans qu’on le voit, avec le dieu Mercure, – Príam, celui à la tête blanche et à la barbe blanche, – Príam, qui s’est agenouillé à ses pieds et lui a baisé les mains plusieurs fois, lui demandant en pleurant le cadavre d’Hector. Achille se leva, et avec ses bras il souleva Priam du sol ; et il ordonna qu’on baigne le cadavre d’Hector avec des onguents parfumés, qu’on le vétisse avec une des tuniques du grand trésor que Priam lui avait apporté en cadeau ; et la nuit, il mange de la viande et but du vin avec Priam, qui alla se coucher le premier, parce que ses yeux étaient lourds. Mais Mercure lui dit qu’il ne devait pas dormir parmi les ennemis, et il le ramena à Troie sans être vu par les Grecs.

Il y eut la paix pendant douze jours, pour que les Troyens fassent les funérailles d’Hector. Le peuple allait à l’arrière quand Priam est arrivé avec lui ; et Priam les traita de lâches, qui avaient laissé tuer leur fils ; et les femmes pleuraient, et les poètes chantaient, jusqu’à ce qu’ils entrent dans la maison, et ils le mirent sur son lit. Andromaque, sa femme, vint et parla au cadavre. Ensuite vint sa mère Hécube, l’appelant beau et bon. Puis Hélène lui parla, le nommant courtois et aimable. Et tout le peuple pleurait quand Priam s’approcha de son fils, avec les mains au ciel, la barbe tremblante, et il ordonna qu’on apporte du bois pour le bûcher. Durant neuf jours, ils apportèrent du bois, jusqu’à ce que le bûcher soit plus haut que les murs de Troie. Ils le brûlèrent, éteignirent le feu avec du vin, et gardèrent les cendres d’Hector dans une boîte en or, ils couvrirent la boîte d’un manteau de pourpre, et déposèrent le tout dans un cercueil, ils versèrent beaucoup de terre dessus, jusqu’à ce que cela ressemble à un mont. Puis il y eut une grande fête dans le palais du roi Priam. Ainsi se termine l’Iliade et le récit de la colère d’Achille.

Première partieSeconde partie*

* L’œuvre originale est en une seule partie.


Voir aussi

Iliadeodyssee.texte.free.fr, Iliade Odyssée : Textes.

Remacle.org, Homère, Iliade (et Odyssée).

Entendre aussi

France Culture, Les Chemins de la Philosophie : L’Iliade d’Homère – du mythe à la philosophie.


Traduit de l’espagnol par Patrick Moulin @dsirmtcom.

Patrick Moulin, alias @dsirmtcom, avril 2021.

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