José Martí, La Edad de Oro – IV.7. La última página

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Philosophie – Fiches de lecture

Fiches de lecture n° 36-IV-7- José Martí, La Edad de Oro – La última página


Sommaire

Présentation générale
Premier numéroSecond numéroTroisième numéroQuatrième numéro


La última página

Source : voicesdehoy.net

Les parents veulent tout offrir à leurs enfants, et s’ils voient un beau cheval, avec la queue qui luit et le poil comme de la soie, ils ne pensent pas à monter sur eux, comme des messieurs distingués, et à partir en trottant le long de l’allée, où vont se promener l’après-midi les voitures et les cavaliers, mais les parents pensent à leurs enfants, et ils se mettent à travailler encore plus, pour acheter au petit garçon le beau cheval. Si un enfant passe en vélocipède, avec son habit de velours et sa casquette, et si vite que tout le monde s’arrête pour le voir, le père ne pense pas à s’acheter un vélocipède pour lui, mais comme son fils sera vraiment beau lorsqu’il irait comme le enfant au velours et à la casquette, sur ses deux roues qui feraient comme une lumière quand elle se déplace, et qui iraient presque aussi vite que la lumière, qui est la chose qui va le plus vite au monde. La lumière ne se voit pas, et c’est vrai, parce que si la lumière avait une fin, le monde se briserait en morceaux, comme se brisent là-bas dans le ciel les étoiles qui se refroidissent. Ainsi, il y a beaucoup de choses qui sont vraies même si on ne les voit pas. Il y a des gens fous, bien sûr, et ce sont ceux qui disent que rien n’est vrai sinon ce qui se voit avec les yeux. Comme si quelqu’un voyait la pensée, ou l’affection, ou ce que, là à l’intérieur de sa tête grisonnante, le père est en train de se dire à lui-même, lorsqu’il aura beaucoup travaillé, et qu’il aura de quoi acheter des chevaux comme de la soie ou des vélocipèdes comme de la lumière à son enfant !

L’homme de La Edad de Oro est ainsi, comme les parents : l’homme de La Edad de Oro est un parrain : comme une statue qu’il y a sur le fleuve Nil, où un vieillard très barbu engendre une rivière, et par-dessus lui ils sautent , et ils jouent, et les garçons espiègles tournent la tête, ce qui ne veut pas dire, bien sûr, que le fleuve Nil soit véritablement un vieillard, ni que ses cent enfants ont joué ainsi par-dessus lui, mais que le fleuve Nil est comme un père pour tous ces peuples des terres d’Egypte, parce qu’il humecte leurs champs ensemencés chaque fois qu’il descend des montagnes avec beaucoup d’eau, et ainsi les semailles leur donnent beaucoup de fruits : c’est pourquoi les Égyptiens aiment le fleuve comme si c’était une personne, et ils le peignent si vieux, parce qu’il y a des milliers d’années, les livres d’alors parlaient déjà du Nil, ils étaient écrits sur de longues bandes qu’ils faisaient à partir d’une herbe, et ensuite ils les enroulaient autour d’une baguette, et ils les mettaient dans leur niche, comme ceux qu’ont maintenant les bureaux pour ranger les papiers. Et les Égyptiens récitaient des prières au Nil, comme s’il était un dieu, et ils lui composaient des vers et des chants ; et comme rien ne leur semblait mieux qu’une belle jeune femme, ils sortaient de sa maison une fois par an la plus belle femme égyptienne, et la jetaient à l’eau, comme une offrande au vieux fleuve, pour qu’il soit content pour l’année, avec cette fille qu’ils lui donnaient, et qu’il descende de la montagne avec plus d’eau que jamais.

C’est ainsi que sont les bons parents, qui croient que tous les enfants sont leurs enfants, et ils vont comme le Nil, chargés d’enfants qui ne se voient pas, et qui sont les enfants du monde, les enfants qui n’ont pas de père, les enfants qui n’ont pas quelqu’un qui leur offre des vélocipèdes, un cheval, de l’affection, ou un baiser. Et ainsi est l’homme de La Edad de Oro, qui dans chaque numéro aimerait mettre le monde pour les enfants, en plus de son cœur ;mais à l’imprimerie, ils disent que le cœur rentrera toujours, mais pas le monde, ni l’article de La Luz Eléctrica [La Lumière Électrique], qui raconte comment se fait la lumière, et ce qu’est l’électricité, et comment elle s’allume et s’éteint, et beaucoup de choses qui ressemblent à un rêve, ou à quelque chose du plus profond et du plus beau du ciel : parce que la lumière électrique est comme celle des étoiles, et elle fait penser que les choses ont une âme, comme dit dans ses vers latins un poète, Lucrèce, qu’il y eut à Rome, et dans laquelle le monde devra s’arrêter, lorsque tous les hommes seront bons, dans une vie de grand bonheur et de clarté, où il n’y aura ni haine ni bruit, ni nuit ni jour, mais un plaisir de vivre, de s’aimer tous comme des frères, et dans l’âme une force sereine, comme celle de la lumière électrique. Avec tout cela, l’article ne tenait pas, et il a fallu en écrire un autre plus court, celui qui parle de la chasse à l’éléphant et de la façon dont le garçon chasseur a vaincu l’éléphant fort. Personne n’a dit que le changement ne fut pas bon. Il faut connaître les forces du monde pour les mettre en œuvre, et faire que l’électricité qui tue dans un éclair, illumine par la lumière. Mais l’homme doit apprendre à se défendre et à inventer, en vivant à l’air libre, et en voyant la mort de près, comme le chasseur d’éléphants. La vie de salon n’est pas pour les hommes. Il faut aller de temps en temps vivre dans la nature, et connaître la forêt.


Traduit de l’espagnol par Patrick Moulin @dsirmtcom.

Patrick Moulin, alias @dsirmtcom, septembre 2021.

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