Vocabulaire – Entéléchie (Aristote)

Philosophie – Carnet de Vocabulaire Philosophique


Entéléchie (Aristote)

Auteurs – Ouvrages :

Aristote, Corpus

Le mouvement est l’acte du possible en tant que possible. / Et l’entéléchie de l’étant en puissance, quand étant en entéléchie il met en activité, non pas en tant que ce qu’il est lui-même, mais en tant que mobile, est un mouvement. Physique, 201 a, [Traductions : E. Bréhier / P. Pellegrin].

Il faut donc nécessairement que l’âme soit substance comme forme d’un corps naturel qui a potentiellement la vie. Or cette substance est réalisation (entéléchie). Donc, elle est la réalisation d’un tel corps. De l’Âme, 412 a.

L’âme est “l’entéléchie première d’un corps naturel qui a la vie en puissance”, c’est-à-dire qui est doué d’organes propres à accomplit les fonctions vitales. E. Bréhier, Histoire de la philosophie, p. 206 [Citation entre guillemets d’Aristote, De l’Âme, 412 a].

Cicéron, Tusculanes

Aristote, qui du côté de l’esprit, et par les recherches qu’il a faites, est infiniment au-dessus de tous les autres philosophes (j’excepte toujours Platon), ayant d’abord posé pour principe de toutes choses les quatre éléments que tout le monde connaît, en imagine un cinquième, d’où l’âme tire son origine. Il ne croit pas que penser, prévoir, apprendre, enseigner, inventer, se souvenir, aimer, haïr, désirer, craindre, s’affliger, se réjouir, et autres opérations semblables, puissent appartenir à aucun des quatre éléments. Il a donc recours à un cinquième principe, qui n’a pas de nom, et il donne à l’âme un nom nouveau (entelecheia), qui signifie à peu près mouvement sans discontinuation et sans fin. Livre I, X. [Texte intégral sur Gallica].

Philippe Remacle, Notes sur Cicéron, Tusculanes, Livre I, X

Sic ipsum animum, έντιλέχειαν appettat novo nomine…[il donne à l’âme ‘entelecheia’ un nom particulier,] Cette interprétation essayée par Cicéron du terme ἐντελέχεια [entelecheia], est condamnée à peu près généralement par les critiques, par les témoignages formels de l’antiquité, et par une saine intelligence de la doctrine d’Aristote, qui déclare partout que l’âme, principe du mouvement, est de sa nature immobile. Stobée déclare qu’il ne faut voir dans l’ἐντελέχεια [entelecheia qu’un synonyme de l’εἶδος [eídos] et de l’ἐνεργεία [energeía], ce qui veut dire que l’âme est pour les êtres animés ce que les Péripatéticiens nommaient la forme, et ce que nous appelons quelquefois l’Essence. Le corps était, pour eux ,la matière de l’homme; l’âme en était la forme, forme substantielle qui contenait toute l’excellence de l’homme, et qui, à cause de la perfection et de l’achèvement de sa nature, était dite avoir sa fin en elle-même, ἐν τέλος ἔχειν [en télos échein}. Quand Aristote entendait que les formes substantielles comme les âmes ont leur fin en elles-mêmes, il ne voulait pas dire qu’elles ne se rapportent à rien en dehors d’elles, et qu’elles contiennent leur souverain bien, ce qui eût été une impiété selon ses principes ; mais il exprimait par là que ce sont des natures achevées, auxquelles rien ne manque, comme à la matière, pour être naturellement, non pas moralement, tout ce qu’elles doivent être. Ἐντελέχεια [Entelécheia] est donc une nature achevée et complète, en qui se trouvent la distinction et l’accomplissement que n’ont pas les natures ébauchées ou informes. Source : Remacle.org.

Définition

L’entéléchie, chez Aristote, désigne la chose ou l’être achevé, réalisé, ayant accompli sa fin, et ayant atteint sa perfection. L’âme est ainsi la réalisation du corps, celui-ci n’étant qu’en puissance avant qu’il soit uni à l’âme : un corps sans âme n’a pas accompli sa fin.

Etymologie

Larousse étymologique :

Latin entelecheia, du grec entelekheia, ce qui a de la perfection. Désigne en philosophie la réalité parvenue à un état de perfection.

Gaffiot :

[Entelecheia :] L’essence de l’âme, suivant Aristote.

Références

Lalande :

Terme créé par Aristote. Il désigne : 1° l’acte accompli par opposition à l’acte en train de se faire, et la perfection qui résulte de cet accomplissement […] ; – 2° la forme (eidos) ou la raison (logos) qui détermine l’actualisation d’une puissance. 

Morfaux :

Grec entelecheia, terme créé par Aristote d’après entelos, accompli, de telos, fin.

Chez Aristote, mouvement de l’être en acte qui tend à la perfection, c’est-à-dire à sa pleine réalisation.

Godin :

L’achèvement parfait, Aristote l’appelle “entéléchie”. […] Entéléchie est un terme forgé par Aristote et il signifie littéralement : ce qui possède sa propre fin en soi-même. Aristote utilise ce terme à propos de l’idée sous le point de vue de l’accomplissement de sa fin. La Philosophie pour les nuls, Tome I, p. 107.

CNRTL :

Tradition aristotélicienne. Principe créateur de l’être, par lequel l’être trouve sa perfection en passant de la puissance à l’acte ; par métonymie, l’être lui-même en tant que réel et source d’action.

Littré :

Dans le langage d’Aristote, qui est le créateur du mot, la force par laquelle un objet passe d’un premier état à un second, de ce qu’il n’était pas encore à ce qu’il est ; force considérée par rapport au but auquel elle tend.

Voir aussi

Carnet de vocabulaire philosophique : (En) Acte / En PuissanceSyllogisme.

Doctrines et vies des philosophes illustres : Aristote.

Notes contemplatives : Aristote, Corpus.


Dsirmtcom, décembre 2021.

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3 commentaires sur “Vocabulaire – Entéléchie (Aristote)

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