Vocabulaire – A priori, a posteriori [Kant]

Philosophie – Carnet de Vocabulaire Philosophique

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A priori, a posteriori [Kant]

Auteur, ouvrages

Kant, Critique de la raison pure

Que toute notre connaissance commence avec l’expérience, il n’y a là aucun doute […]. En ce sens, d’un point de vue chronologique, nulle connaissance ne précède en nous l’expérience, et c’est avec celle-ci que toute connaissance commence. / Cela dit, bien que toute notre connaissance s’amorce avec l’expérience, il n’en résulte pas pour autant qu’elle dérive dans sa totalité de l’expérience. […] C’est par conséquent, pour le moins, une question qui requiert d’être examinée de plus près […] que celle de savoir s’il y a une telle connaissance, indépendante de l’expérience et même de toutes les impressions des sens. On nomme de semblables connaissances a priori et on les distingue des connaissances empiriques, lesquelles possèdent leurs sources a posteriori c’est-à-dire dans l’expérience. Introduction, p. 93-94.

Nous entendrons donc par connaissances a priori, […] non pas des connaissances qui adviennent indépendamment de telle ou telle expérience, mais celles qui interviennent de manière absolument indépendante de toute expérience. Leur sont opposées des connaissances empiriques, autrement dit celles qui ne sont possibles qu’a posteriori, c’est-à-dire par expérience. Ibid., p. 94.

La raison est le pouvoir qui fournit les principes de la connaissance a priori. La raison pure est par conséquent celle qui contient les principes permettant de connaître quelque chose absolument a priori. Ibid., p. 110.

Temps et espace sont […] deux sources de connaissance où peuvent être puisées a priori diverses connaissances synthétiques, comme tout particulièrement la mathématique pure en fournit un éclatant exemple quant à la connaissance de l’espace et de ses rapports. De fait, ils constituent tous les deux ensemble les formes pures de toute intuition sensible […]. Mais ces sources de connaissance a priori se déterminent par là même (du fait qu’elles sont seulement des conditions de la sensibilité) leurs limites, à savoir qu’elles ne se rapportent à des objets que pour autant qu’ils sont considérés comme des phénomènes, mais ne présentent pas de choses en soi. Ces phénomènes seuls sont le champ de leur validité, hors duquel, si l’on en sort, il ne s’en trouve plus d’usage objectif. Esthétique transcendantale, p. 131-132.

[Les concepts issus de la raison pure] sont des concepts produits en conclusion d’un raisonnement. Les concepts de l’entendement sont eux aussi pensés a priori, antérieurement à l’expérience et pour contribuer à celle-ci ; mais ils ne contiennent rien de plus que l’unité de la réflexion sur les phénomènes, en tant qu’ils doivent appartenir nécessairement à une conscience empirique possible. C’est grâce à eux uniquement que la connaissance et la détermination d’un objet deviennent possibles. […] Les concepts de la raison servent à l’opération de rassembler, comme les concepts de l’entendement servent à celle de comprendre (les perceptions). Dialectique transcendantale, p. 340.

Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs

On peut appeler empirique toute philosophie qui s’appuie sur des principes de l’expérience ; pure, au contraire, celle qui expose ses doctrines en partant uniquement de principes a priori. Préface, p. 50.

Définition

[A priori :] Ce qui est antérieur, logiquement ou chronologiquement, à l’expérience. Chez Kant, les formes a priori de l’intuition, que sont le temps et l’espace, et les concepts a priori de l’entendement, classés par catégories (quantité, qualité, relation, modalité), nous permettent de connaître les phénomènes. Autrement dit, ce sont les conditions nécessaires qui rendent possible de construire de la connaissance à partir de l’expérience.

[A posteriori :] Ce qui est postérieur à l’expérience. Chez Kant, les connaissances empiriques sont produites a posteriori de l’expérience.

Étymologie

Larousse étymologique

[A priori :] Latin scolastique signifiant “en partant de ce qui est avant”.

[A posteriori :] Latin scolastique signifiant “en partant de ce qui est après”.

Gaffiot

[Prior :] 1. Le plus en avant [en parlant de deux]. 2. Le premier des deux, précédent, antérieur. 3. [figuré] Supérieur, plus remarquable. [Avec un “P” majuscule :] Le premier des deux, l’ancien.

[Posterior :] 1. Postérieur, de derrière. 2. Le dernier [par opposition à prior, superior]. 3. [figuré] Plus au-dessous, inférieur.  [Avec un “P” majuscule :] Le second, en parlant de deux.

Références

Lalande

Au point de vue gnoséologique, on appelle a posteriori les connaissances qui viennent de l’expérience ou qui en dépendent ; a priori celles que l’expérience suppose, et ne suffit pas à expliquer, alors même qu’elles n’ont d’application que dans l’expérience. A priori ne désigne donc pas une antériorité chronologique (psychologique) mais une antériorité logique.

Au point de vue méthodologique, on appelle a priori toute idée ou connaissance antérieure à telle expérience ou série d’expériences spéciales.

Le sens le plus ancien de cette expression, qui se rencontre au Moyen Âge, mais qui est tombé presque complètement en désuétude, consiste à désigner par raisonnement a priori (à partir de l’antécédent) celui qui va de la cause à l’effet, du principe à la conséquence ; […] et par raisonnement a posteriori celui qui remonte des conséquences aux principes, de ce qui est conditionné par nature à ce qui le conditionne.

Morfaux

[A priori :] Logiquement antérieur à l’expérience ; indépendant de l’expérience. / Chez Kant, sont a priori, c’est-à-dire nécessaires et universelles, les formes ou intuitions pures de la sensibilité : espace et temps, les catégories de l’entendement, les idées de la raison. / Antérieur chronologiquement à telle série d’expériences. Idée a priori : idée préconçue ou hypothèse antérieure à la vérification expérimentale.

[A posteriori :] Postérieur à l’expérience, qui ne peut être affirmé qu’en vertu de l’expérience.

Godin

[A priori :] Expression d’origine latine signifiant “avant”, “d’avant” (sous-entendu : l’expérience). Indépendamment de l’expérience. Un jugement a priori est formé avant toute sensation et est le produit de la seule pensée. […]. Pour la philosophie rationaliste, il existe des idées innées dans l’esprit humain, des idées qui ne dérivent pas de l’expérience : ces idées sont a priori. L’empirisme, en revanche, récuse l’existence d’idées a priori.

[A posteriori :] Expression latine signifiant “après”, “d’après” (sous-entendu : l’expérience). Un jugement a posteriori est un jugement qui dérive de l’observation. […] Pour la philosophie empiriste, la connaissance des choses est a posteriori, elle est conditionnée par la sensibilité (David Hume donne cet exemple : on ne saurait pas ce qu’est la neige si l’on n’en avait jamais vu ni touché).

CNRTL

[A priori :] D’après des données antérieures à l’expérience. Qui ne se fonde pas sur des données d’expérience.

[A posteriori :] En se fondant sur l’expérience, sur les faits constatés.

Académie 9e édition

[A priori :] D’après des données antérieures à l’expérience, en s’appuyant sur les principes de la raison.

[A posteriori :] En partant des données de l’expérience, en remontant des effets aux causes.

Littré

[A priori :] D’après un principe antérieur admis comme évident.

[A posteriori :] De ce qui suit, de ce qui est postérieur.

D. Martin, Dictionnaire des idées de Kant

Pour Kant, il existe nécessairement des intuitions et des concepts a priori parce qu’ils forment la base de toutes les connaissances de phénomènes : définir, acquérir et comprendre une connaissance suppose des principes et concepts de base innés, compris sans expérience ni explication et irréductibles. Et ces concepts de base a priori sont universels et objectifs, on pourra s’en servir pour tous les phénomènes. […] Dans ce qui précède, l’adjectif a priori est une condition logique de validité des termes auxquels il s’applique : il ne décrit pas une antériorité temporelle.

Bibliographie

KANT E., Critique de la raison pure, Paris, GF Flammarion, 2006.

KANT E., Fondements de la métaphysique des mœurs, Paris, Le Livre de Poche, 2017.

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Dsirmtcom, août 2022.

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