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Notes contemplatives de lecture – Note contemplative n° 24

Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.

Notes de lecture

Il faut dire pour commencer sur quoi porte notre étude et ce qu’elle étudie : elle porte sur la démonstration et elle étudie la science démonstrative.  Premiers Analytiques, 24 a.

Le syllogisme est un raisonnement (ou : un énoncé) dans lequel, certaines choses étant posées, quelque chose d’autre que ces données en résulte nécessairement par le seul fait que cela est.  Premiers Analytiques, 24 b [traduction A. Lalande].

[L]a science c’est le fait de connaître l’universel. Seconds Analytiques, 87 b.

Un raisonnement déductif [syllogisme] est une formule d’argumentation dans laquelle, certaines choses étant posées, une chose distincte de celles qui ont été posées s’ensuit nécessairement, par la vertu même de ce qui a été posé. Topiques, 100 a.

[Un raisonnement déductif est] une déduction dialectique lorsqu’elle prend pour point de départ des idées admises. […] sont des idées admises […] les opinions partagées par tous les hommes ou par presque tous, ou par ceux qui représentent l’opinion éclairée, […] ou par les plus connus et les mieux admis comme autorités. Topiques, 100 b.

[Les catégories des prédications] sont au nombre de dix : essence, quantité, qualité, relation, lieu, temps, position, état, action, passion. Topiques, 103 b.

C’est pourquoi il faut aller des universels aux particuliers, car la totalité est plus connue selon la sensation, et l’universel est une certaine totalité ; en effet, l’universel comprend plusieurs choses comme parties. Physique, 184 a.

Puisque les causes sont quatre, il appartient au physicien de les connaître toutes, et il rendra compte du pourquoi en physicien en le ramenant à toutes, la matière, la forme, le moteur, le en vue de quoi. Physique, 198a.

Le mouvement est l’acte du possible en tant que possible. / Et l’entéléchie de l’étant en puissance, quand étant en entéléchie il met en activité, non pas en tant que ce qu’il est lui-même, mais en tant que mobile, est un mouvement. Physique, 201 a, [Traductions : E. Bréhier / P. Pellegrin].

Car c’est cela le temps : le nombre d’un mouvement selon l’antérieur et le postérieur. Physique, 219 b.

[Le “maintenant”] est fin du temps passé et commencement du temps futur. Physique 222 b.

La science de la nature traite manifestement pour ainsi dire dans sa plus grande partie des corps et des grandeurs, ainsi que de leurs propriétés et de leurs mouvements, et aussi de tous les principes qui sont ceux de ce genre de réalité. Traité du ciel, 268 a.

En un sens, on appelle “ciel” la substance de la dernière circonférence du Tout […] dans laquelle nous disons aussi que réside tout ce qui est divin. En un autre sens, c’est le corps en continuité avec la dernière circonférence du Tout, où se trouvent la Lune, le Soleil et certains astres […]. De plus, en un autre sens, […] nous avons coutume d’appeler “ciel” la totalité ou le Tout. Traité du ciel, 278 b. 

Il est nécessaire que le ciel ait une forme sphérique, car c’est là aussi bien la forme la plus appropriée par son essence que la première par nature. Traité du ciel, 286 b.

[…] la Terre est nécessairement au centre et immobile […]. / Quant à sa forme, il est nécessaire qu’elle soit sphérique. […] En effet, si la Terre n’était pas sphérique les éclipses de Lune n’auraient pas ces sortes de sections […]. Traité du ciel, 296 b.

[Les quatre principes ou éléments sont] le feu, l’air, l’eau et la terre, un qui se met à la surface d’eux tous (le feu), un autre qui se place dessous (la terre) et deux qui sont l’un avec l’autre dans le même rapport que ces derniers, car l’air est plus proche du feu que les autres et l’eau de la terre -, le monde entourant la Terre est donc tout entier constitué de ces corps […]. Météorologiques, 339 a. 

[N]ous affirmons que le corps d’en haut jusqu’à la Lune est autre chose que du feu ou de l’air, […] il s’interrompt devant l’air et le monde entourant la Terre. Météorologiques, 340 b

Nous exprimons un genre bien particulier de réalités en parlant de substance. Mais celle-ci s’entend, soit comme matière (chose qui, par soi, ne constitue pas une réalité singulière), soit comme aspect ou forme (en vertu de quoi, précisément, on peut parler d’une réalité singulière), soit, troisièmement, comme le composé des deux. Par ailleurs, la matière est puissance, alors que la forme est réalisation […]. De l’Âme, 412 a.

Il faut donc nécessairement que l’âme soit substance comme forme d’un corps naturel qui a potentiellement la vie. Or cette substance est réalisation (entéléchie). Donc, elle est la réalisation d’un tel corps. De l’Âme, 412 a.

Quant aux facultés de l’âme […], toutes appartiennent à certains êtres, […] alors que quelques-unes d’entre elles appartiennent à d’autres et une seule à quelques-uns. Et, par facultés, nous voulions dire ce qui permet la nutrition, l’appétit, la sensation, le mouvement local, la réflexion. De l’Âme, 414 a. 

Aussi l’âme ne pense-t-elle jamais sans représentation. De l’Âme, 431 a.

[L]es facultés de l’âme propres à sentir et à savoir sont en puissance ces objets qu’on peut respectivement savoir et sentir. Mais, nécessairement, ce sont ou bien les objets eux-mêmes, ou bien leurs formes. Eux-mêmes, évidemment pas ; car ce n’est pas la pierre qui se trouve dans l’âme, mais sa forme. De l’Âme, 431 b.

Anaxagore dit ainsi que c’est du fait qu’il a des mains que l’être humain est le plus intelligent des animaux, alors qu’il est rationnel que ce soit du fait qu’il est le plus intelligent qu’il soit pourvu de mains. Les mains, en effet, sont un instrument, et la nature, comme quelqu’un d’intelligent, distribue toujours chaque instrument à celui qui est capable de s’en servir. Il vaut mieux, en effet, donner des flûtes à celui qui est flûtiste que de fournir l’art de la flûte à celui qui possède des flûtes. Les Parties des animaux, 686 b.

Pour commencer l’examen, procédons comme nous avons souvent l’habitude de le faire dans notre travail de naturaliste, en considérant la manière dont les choses se passent dans toutes les opérations de la nature. L’une de ces caractéristiques est que la nature ne fait rien en vain mais, en chaque espèce animale, en réalisant toujours le meilleur selon ce que permet son essence. La Locomotion des animaux, 704 b.

Tous les humains ont par nature le désir de savoir. Métaphysique, Livre A, 1, 980 a.

[C]elui qui choisit la science pour elle-même choisira, de préférence à tout, la science la plus haute […]. Or sont au plus haut point objets de science les objets premiers, c’est-à-dire les causes, car, par eux et à partir d’eux, on acquiert aussi la connaissance des autres choses […]. La science la plus propre à commander […] est celle qui acquiert la connaissance de la fin en vue de laquelle chaque chose doit être faite, c’est-à-dire le bien de chaque chose et globalement le meilleur dans la nature entière. / [La sagesse est sa propre fin] / Donc, après tout ce qui a été dit, le nom recherché revient à la même science : car il faut que ce soit la science qui étudie les premiers principes et les premières causes ; et en effet, le bien, c’est-à-dire la fin, est une des causes. Métaphysique, 982 a-b.

C’est en effet par l’étonnement que les humains, maintenant aussi bien qu’au début, commencent à philosopher […]. Métaphysique, 982 b.

Puisque, manifestement, il faut acquérir la science des causes principielles (car nous déclarons savoir chaque chose quand nous pensons acquérir la connaissance de sa cause première), puisque les causes se disent en quatre sens et que parmi ces causes, nous l’affirmons, l’une est la substance, c’est-à-dire l’être ce que c’est (car le pourquoi remonte en dernier à la définition et le pourquoi premier est cause et principe), le deuxième est la matière, c’est-à-dire le substrat, la troisième le principe d’où part le mouvement, la quatrième est la cause opposée à celle-là, la fin et le bien (car c’est l’accomplissement de toute génération et de tout mouvement) […]. Métaphysique, 983 a.

Car nous prenons connaissance de toute chose en tant qu’elle est une et la même et qu’elle a quelque chose d’universel. Métaphysique, 999 a.

Il y a une science qui étudie l’être, en tant qu’être, et les propriétés qui appartiennent à cet être par soi. Métaphysique, Livre Γ, 1003 a.

[Principe de non-contradiction] Le principe le plus sûr de tous est celui sur lequel l’erreur est impossible […] il est impossible que le même appartienne et n’appartienne pas en même temps à la même chose et du même point de vue […]. Métaphysique, 1005 b.

[Principe du tiers exclu] il n’est pas possible non plus qu’il y ait un intermédiaire d’une contradiction, mais il est nécessaire ou bien d’affirmer ou bien de nier une seule chose, quelle qu’elle soit, d’une seule chose. Métaphysique, 1011 b.

Ainsi, il y aurait trois philosophies théoriques : la mathématique, la physique, la théologique, car il n’y a pas de doute que, si le divin existe quelque part, il existe dans une nature de ce genre, et il faut que la philosophie la plus précieuse traite du genre le plus précieux. Métaphysique, 1026 a.

Si donc il n’y a pas de substance autre que celles constituées par nature, la physique sera science première ; mais s’il existe une certaine substance immobile, la science de cette substance est antérieure, elle est la philosophie première, et ainsi elle est universelle parce qu’elle est première ; et c’est à elle qu’il appartiendra d’étudier l’être en tant qu’être, ce qu’il est et les propriétés qui lui appartiennent en tant qu’être. Métaphysique, 1026 a.

La substance se dit […] en quatre [sens] principaux : en effet, l’être ce que c’est [la quiddité], l’universel et le genre sont […] la substance de chaque être, et en quatrième lieu le substrat. Métaphysique, 1028 b.

[L’]être ce que c’est de chaque chose est ce qu’elle est dite par soi, car ton être n’est pas l’être du musicien, puisque tu n’es pas musicien par toi-même ; c’est ce que tu es par toi-même. Métaphysique, 1029 b.

[C]haque chose elle-même et l’être ce que c’est de chaque chose sont uns et identiques, et non par coïncidence, et ils le sont parce que, précisément, avoir la science de chaque chose, c’est avoir la science de son être ce que c’est ; par conséquent, […] il est nécessaire qu’une seule chose soit les deux à la fois. Métaphysique, 1031 b.

[U]n humain engendre un humain, l’individu, un individu. Métaphysique, 1070 a.

[L]e déplacement est le premier des changements et le déplacement circulaire est le premier déplacement, et c’est celui dont ce moteur immobile est le moteur. Par suite, ce moteur est un être nécessaire et, en tant qu’être nécessaire, il est de la nature du beau et, de cette manière, il est un principe. […] L’intellect a l’intellection de lui-même par une saisie de l’intelligible, car il devient intelligible en touchant et en pensant l’intelligible, de sorte que l’intellect est la même chose que l’intelligible. […] Et la vie aussi, certes, lui appartient, car l’acte de l’intellect est vie et l’acte est le dieu. La vie du dieu qui, par elle-même, est la meilleure et éternelle est acte. Métaphysique, Livre L, 7, 1072 b.

Donc l’intellect se pense lui-même, s’il est vrai qu’il est le meilleur, et son intellection est intellection de l’intellection. Métaphysique, 1074 b.

[N]ous devons essayer d’embrasser, tout au moins dans ses grandes lignes, la nature du Souverain Bien, et de dire de quelle science particulière ou de quelle potentialité il relève. On sera d’avis qu’il dépend de la science suprême et architectonique par excellence. Or une telle science est manifestement la Politique […]. Éthique à Nicomaque, 1094 a.

Les hommes, et il ne faut pas s’en étonner, paraissent concevoir le bien et le bonheur d’après la vie qu’ils mènent. La foule et les gens les plus grossiers disent que c’est le plaisir : c’est la raison pour laquelle ils ont une préférence pour la vie de jouissance. C’est qu’en effet les principaux types de vie sont au nombre de trois : celle dont nous venons de parler, la vie politique, et en troisième lieu la vie contemplative. Éthique à Nicomaque, 1095 b.

Le bien parfait semble en effet se suffire à lui-même. Et par ce qui se suffit à soi-même, nous entendons non pas ce qui suffit à un seul homme menant une vie solitaire, mais aussi à ses parents, ses enfants, sa femme, ses amis et ses concitoyens en général, puisque l’homme est par nature un être politique. Éthique à Nicomaque, 1097 b.

[D]e même qu’un œil, une main, un pied et, d’une manière générale, chaque partie d’un corps, a manifestement une certaine fonction à remplir, ne doit-on pas admettre que l’homme a, lui aussi, en dehors de toutes ces activités particulières, une fonction déterminée ? […] Le simple fait de vivre est, de toute évidence, une chose que l’homme partage en commun même avec les végétaux ; or ce que nous recherchons, c’est ce qui est propre à l’homme. Nous devons donc laisser de côté la vie de nutrition et la vie de croissance. Viendrait ensuite la vie sensitive, mais celle-là encore apparaît commune avec le cheval, le bœuf et tous les animaux. Reste donc une certaine vie pratique de la partie rationnelle de l’âme, partie qui peut être envisagée, d’une part, au sens où elle est soumise à la raison, et, d’autre part, au sens où elle possède la raison et l’exercice de la pensée. Éthique à Nicomaque, 1097 b – 1098 a.

[L]e bien pour l’homme consiste dans une activité de l’âme en accord avec la vertu, et, au cas de pluralité de vertus, en accord avec la plus excellente et la plus parfaite d’entre elles. Mais il faut ajouter : “et cela dans une vie accomplie jusqu’à son terme”, car une hirondelle ne fait pas le printemps, ni non plus un seul jour : et ainsi la félicité et le bonheur ne sont pas davantage l’œuvre d’une seule journée, ni d’un bref espace de temps. Éthique à Nicomaque, 1098 a.

Pour ceux qui prétendent que le bonheur consiste dans la vertu en général ou dans quelque vertu particulière, notre définition est en plein accord avec eux, car l’activité conforme à la vertu appartient bien à la vertu. Mais il y a sans doute une différence qui n’est pas négligeable, suivant que l’on place le Souverain Bien dans la possession ou dans l’usage, dans une disposition ou dans une activité. En effet, la disposition peut très bien exister sans produire aucun bien, comme dans le cas de l’homme en train de dormir ou inactif de quelque façon ; au contraire, pour la vertu en activité, c’est là une chose impossible, car celui dont l’activité est conforme à la vertu agira nécessairement et agira bien. Éthique à Nicomaque, 1098 b – 1099 a.

Cependant il apparaît nettement qu’on doit faire aussi entrer en ligne de compte les biens extérieurs […], car il est impossible, ou du moins malaisé, d’accomplir les bonnes actions quand on est dépourvu de ressources pour y faire face. Éthique à Nicomaque, 1099 a.

[C]e n’est ni par nature, ni contrairement à la nature que naissent en nous les vertus, mais la nature nous a donné la capacité de les recevoir, et cette capacité est amenée à maturité par l’habitude. Éthique à Nicomaque, 1103 a.

Ainsi donc, la vertu est une disposition à agir d’une façon délibérée, consistant en une médiété relative à nous, laquelle est rationnellement déterminée et comme la déterminerait l’homme prudent. Éthique à Nicomaque, 1106 b.

Chez la plupart des hommes, au contraire, l’erreur semble bien avoir le plaisir pour cause, car, tout en n’étant pas un bien, il en a l’apparence ; aussi choisissent-ils ce qui est agréable comme étant un bien, et évitent-ils ce qui est pénible comme étant un mal. Éthique à Nicomaque, 1113 a-b.

C’est pourquoi un homme pauvre ne saurait être magnifique, parce qu’il ne possède pas les moyens de faire de grandes dépenses d’une manière appropriée, et toute tentative en ce sens est un manque de jugement, car il dépense au-delà de ce qu’on attend de lui et de ce à quoi il est tenu, alors que l’acte conforme à la vertu est celui qui est fait comme il doit l’être. Éthique à Nicomaque, 1122 b.

De ceux qui causent du plaisir aux autres, celui qui vise uniquement à faire plaisir sans poursuivre aucune fin, est un complaisant, et celui qui agit ainsi pour l’avantage qu’il en retire personnellement, soit en argent, soit en valeur appréciable en argent, […] est un flatteur. Celui qui, au contraire, fait des difficultés en toute occasion est […] un homme hargneux et chicanier. Éthique à Nicomaque, 1127 a.

Nous observons que tout le monde entend signifier par justice cette sorte de disposition qui rend les hommes aptes à accomplir les actions justes, et qui les fait agir justement et vouloir les choses justes ; de la même manière, l’injustice est cette disposition qui fait agir injustement et vouloir les choses injustes. Éthique à Nicomaque, 1129 a.

Le juste, donc, est ce qui est conforme à la loi et ce qui respecte l’égalité, et l’injuste ce qui est contraire à la loi et ce qui manque à l’égalité. Éthique à Nicomaque, 1129 a-b.

La justice au sens où elle est coextensive à la vertu totale, et l’injustice correspondante, qui sont respectivement l’usage de la vertu totale ou du vice total à l’égard d’autrui, peuvent être laissées de côté.[…] De la justice particulière et du juste qui y correspond, une première espèce est celle qui intervient dans la distribution des honneurs, ou des richesses, ou des autres avantages qui se répartissent entre les membres de la communauté politique (car dans ces avantages il est possible que l’un des membres ait une part ou inégale ou égale à celle d’un autre), et une seconde espèce est celle qui réalise la rectitude dans les transactions privées. Cette justice corrective comprend elle-même deux parties : les transactions privées, en effet, sont les unes volontaires et les autres involontaires. Éthique à Nicomaque, 1130 b – 1131 a.

[La justice distributive, médiété proportionnelle] Le juste implique donc nécessairement au moins quatre termes : les personnes pour lesquelles il se trouve en fait juste, et qui sont deux, et les choses dans lesquelles il se manifeste, au nombre de deux également. Et ce sera la même égalité pour les personnes et pour les choses […]. Si, en effet, les personnes ne sont pas égales, elles n’auront pas des parts égales. Éthique à Nicomaque, 1131 a.

[La justice corrective ne considère que le dommage] Peu importe, en effet, que ce soit un homme de bien qui ait dépouillé un malhonnête homme, ou un malhonnête homme un homme de bien […] : la loi n’a égard qu’au caractère distinctif du tort causé, et traite les parties à égalité, se demandant seulement si l’une a commis, et l’autre subi, une injustice, ou si l’une a été l’auteur et l’autre la victime d’un dommage. Éthique à Nicomaque, 1132 a.

Telle est la nature de l’équitable : c’est d’être un correctif de la loi, là où la loi a manqué de statuer à cause de sa généralité. En fait, la raison pour laquelle tout n’est pas défini par la loi, c’est qu’il y a des cas d’espèce pour lesquels il est impossible de poser une loi, de telle sorte qu’un décret est indispensable. Éthique à Nicomaque, 1137 b.

Et c’est pourquoi tous les hommes pensent que la vie heureuse est une vie agréable et qu’ils entrelacent étroitement le plaisir au bonheur. Éthique à Nicomaque, 1153 b.

[T]ous les êtres ont naturellement en eux quelque chose de divin. Éthique à Nicomaque, 1153 b.

[N]e doit-on pas dire que dans le domaine de la pratique, la fin ne consiste pas dans l’étude et la connaissance purement théorique des différentes actions, mais plutôt dans leur exécution ? Dès lors, en ce qui concerne également la vertu, il n’est pas non plus suffisant de savoir ce qu’elle est, mais on doit s’efforcer aussi de la posséder et de la mettre en pratique, ou alors tenter par quelque autre moyen, s’il en existe, de devenir des hommes de bien. Éthique à Nicomaque, 1179 b.

Le plaisir achève l’acte, non pas comme le ferait une disposition immanente au sujet, mais comme une sorte de fin survenue par surcroît, de même qu’aux hommes dans la force de l’âge vient s’ajouter la fleur de la jeunesse. Éthique à Nicomaque, 1174 b.

Mais une vie de ce genre [contemplative, théorétique] sera trop élevée pour la condition humaine ; car ce n’est pas en tant qu’homme qu’on vivra de cette façon, mais en tant que quelque élément divin présent en nous. Et autant cet élément est supérieur au composé humain, autant son activité est elle-même supérieure à celle de l’autre sorte de vertu [éthique, de l’homme composé d’une âme et d’un corps]. Si donc l’intellect est quelque chose de divin par comparaison à l’homme, la vie selon l’intellect est également divine comparée à la vie humaine. Éthique à Nicomaque, 1177 b.

Dire qu’il nous appartient de chercher beaucoup d’amis et de nous les souhaiter, et dire en même temps que “lorsqu’on a beaucoup d’amis, on n’a aucun ami”, ce sont là deux affirmations correctes. Éthique à Eudème, 1245 b.

Ainsi, il est nécessaire tout d’abord que s’unissent en couple les êtres qui ne peuvent exister l’un sans l’autre, comme la femme et l’homme en vue de la procréation […] ; et comme celui qui commande et celui qui est commandé, et ce par nature, en vue de leur sauvegarde. En effet, être capable de prévoir par la pensée, c’est être par nature apte à commander, c’est-à-dire être maître par nature, alors qu’être capable d’exécuter physiquement ces tâches, c’est être subordonné, c’est-à-dire esclave par nature. C’est pourquoi la même chose est avantageuse au maître et à l’esclave. / Ainsi est-ce par nature que se distinguent le féminin et le servile (car la nature ne fait rien chichement […]). Les Politiques, 1252 a-b.

Il est manifeste […] que la cité fait partie des choses naturelles, et que l’homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement et non par hasard, est soit un être dégradé, soit un être surhumain […]. Les Politiques, 1253 a.

La rhétorique est le pendant de la dialectique : car l’une et l’autre portent sur des matières qui – étant communes, d’une certaine façon, à tout le monde – sont de la compétence de tout un chacun et ne relèvent d’aucune science délimitée. C’est pourquoi tout le monde, d’une certaine façon, prend part aux deux, car tout le monde, jusqu’à un certain point, se mêle tant de critiquer ou de soutenir un argument que de défendre ou d’accuser. Rhétorique, 1354 a.

Posons que la rhétorique est la capacité de discerner dans chaque cas ce qui est potentiellement persuasif. Rhétorique, 1355 b.

[L]a tragédie essaye autant que possible de s’en tenir à une seule journée […]. Poétique, 1449 b.

[L]a tragédie est la représentation d’une action grave et sérieuse, complète et d’une certaine étendue, dans un langage attractif dont chacune des formes est utilisées séparément dans les différentes parties de l’œuvre, exécutée par des acteurs et pas au moyen d’un récit, et qui, au moyen de la pitié et de la peur, effectue la purgation des vécus émotionnels de cette nature. Poétique, 1449 b.

Nous avons établi que la tragédie est la représentation d’une action complète, c’est-à-dire formant un tout, et qui a une certaine étendue […]. Un tout, c’est ce qui a un début, un milieu et une fin. Poétique, 1450 b.

Bibliographie

Aristote, Oeuvres complètes, Flammarion ; Éthique à Nicomaque, Vrin.

Voir aussi

Carnet de vocabulaire philosophique : EntéléchieSyllogisme.

Doctrines et vies des philosophes illustres : Aristote.

Fiches de lecture : Aristote, Éthique à Nicomaque.

Notes Éthiques : Une “Vie accomplie” – Aider à mourir quand la vie n’a plus de sens ?


Dsirmtcom,  décembre 2021.

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