NC – Confucius, Entretiens

Notes contemplatives de lecture – Note contemplative n° 34

Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.

Notes de lecture

Étudier pour pratiquer ce qu’on apprend au bon moment, n’est-ce point tout de même une satisfaction ? Avoir des compagnons venus de loin, n’est-ce pas tout de même une joie ? Rester méconnu sans en être aigri, n’est-ce point tout de même digne de l’homme de qualité ? I, 1.

Paroles habiles et mines affables vont bien rarement avec bonté vraie. I, 3.

Je m’examine trois fois par jour […]. Ne me serais-je pas acquitté loyalement des affaires que j’ai menées pour autrui ? N’aurais-je pas été de bonne foi dans les paroles échangées avec des amis ? Aurais-je transmis ce que je n’ai point pratiqué ? I, 4.

L’homme de qualité mange sans chercher à être repu ; il ne vit pas en quête de confort ; diligent en affaires, circonspect en paroles, il se rapproche de ceux qui sont dans la bonne voie pour rectifier la sienne. De lui, l’on peut dire qu’il aime les études. I, 14.

Ne vous désolez point d’être méconnu, mais désolez-vous de méconnaître autrui. I, 16.

Gouverner en vertu de sa force morale […],c’est se comporter comme l’étoile polaire : elle demeure à sa place, tandis que la foule des astres lui rend hommage. II, 1.

À quinze ans […], ma volonté était d’étudier. À trente ans, je l’avais établie. À quarante ans, je n’avais plus de doutes et, à cinquante, je connaissais le destin que m’avait imparti le Ciel. À soixante ans j’avais l’oreille accueillante et à soixante-dix je pouvais me laisser aller à tout ce que mon cœur désirait sans enfreindre les bornes. II, 4.

Regarde comment il se comporte, considère ses motivations, examine ce qui l’apaise : que peut nous cacher l’homme, que peut-il cacher ! II, 10.

Qui comprend le nouveau en réchauffant l’ancien peut devenir un maître. II, 11.

L’homme de qualité ne traite personne en ustensile. II, 12.

Comme Zigong lui demandait ce qu’il entendait par “l’homme de qualité”, le Maître lui répondit : “C’est celui qui commence par pratiquer ce qu’il prône et ensuite s’y tient.” II, 13.

Étudier sans penser est vain […], mais penser sans étudier est dangereux. II, 15.

Veux-tu que je t’enseigne ce qu’est savoir ? Savoir ce qu’on sait, ne pas savoir ce qu’on ne sait pas, c’est cela le savoir. II, 17.

Le duc Ai demanda : « Que faire pour maintenir le peuple dans l’obéissance ? » / Confucius répondit : « Le peuple sera soumis si vous promouvez des gens droits pour les placer au-dessus des retors ; dans le cas contraire, il ne le sera point. » II, 19.

À quoi bon les rites, si l’homme est sans humanité, à quoi bon la musique, si l’homme est sans humanité ? III, 3.

Sans humanité l’homme ne saurait durer longtemps, que ce soit dans le bonheur ou le malheur. Le bon y trouve la paix, le sage son profit. IV, 2.

Qui entend parler le matin de la Voie peut mourir le soir sans regrets. IV, 8.

À l’égard du monde, l’homme de qualité ne cherche pas plus à l’adapter qu’à s’opposer : il se rapporte à ce qui est juste. IV, 10.

L’homme de qualité chérit la vertu, l’homme de peu la terre ; le premier préfère la loi, le second les faveurs. IV, 11.

Ne t’afflige pas d’être sans position : soucie-toi plutôt de ce qui t’en rendrait capable ; ne te désole point de n’être pas reconnu, mais cherche à faire ce qui mériterait de l’être. IV, 14.

L’homme de qualité ramène tout à une question de justice, l’homme de peu à des questions d’intérêts. IV, 16.

Si tu rencontres un sage, songe à l’égaler ; si c’est un fol, fais ton examen de conscience. IV, 17.

On ne saurait se dispenser de connaître l’âge de son père et de sa mère, d’une part pour s’en réjouir, d’autre part pour s’en inquiéter. IV, 21.

“Ce que je ne voudrais pas que l’on me fît, je ne veux pas non plus l’infliger à autrui”, dit Zigong, “Mon cher Ci”, lui répondit le Maître, “ce n’est pas encore à ta portée !”  V, 12.

N’en parlons plus ! Je n’ai jamais rencontré personne qui fût capable de voir ses fautes et de faire intérieurement son propre procès. V, 27.

“Ce n’est pas que votre voie ne me plaise, Maître, mais je n’en ai pas la force. / — Ceux qui n’en ont pas la force, lâchent à mi-course, mais toi, tu t’assignes par avance des limites”, répliqua le Maître. VI, 12.

La nature l’emporte sur la culture ? Nous avons un sauvage. Les raffinements étouffent la substance : nous tombons dans la pédanterie. L’élégant équilibre du naturel et du culturel est le propre de l’homme cultivé. VI, 8.

Y a-t-il vertu plus haute que le juste milieu ? Il y a longtemps que se sont raréfiés les gens qui l’observent. VI, 29.

La bonté, c’est vouloir pour autrui ce que l’on voudrait pour soi-même : se dresser et élever autrui, amener autrui là où l’on est parvenu. De celui qui serait ainsi capable de se donner en exemple, on peut dire qu’il offre la recette de la bonté ! VI, 30.

Je transmets mais ne crée point, car j’aime les anciens et crois en eux. VII, 1.

Eau claire, nourriture grossière et pour oreiller ton bras replié : la joie reste entière malgré tout. Pour moi honneurs et richesses, produits d’iniquité, ne sont pas plus que ces nuages qui passent. VII, 16.

Si nous sommes trois à marcher ensemble, je suis sûr d’avoir pour compagnons des maîtres, le meilleur pour servir de modèle, le méchant pour me corriger. VII, 22

L’enseignement du Maître comportait quatre aspects : culture, pratique, loyauté et bonne foi. VII, 25.

Il en est sans doute qui créent sans aucune connaissance. Je n’en suis pas. Je me renseigne longuement et choisis ce qu’il y a de bien pour le suivre. J’observe beaucoup pour prendre bonne note : c’est un savoir de seconde main. VII, 28.

Porté à la bravoure, tout homme qui souffre de la misère, se rebellera ; mais aussi, s’il n’est pas retenu par la bonté, tout homme poussé à bout. VIII, 10.

Il n’y a pas lieu de tracer des plans pour la gestion d’un poste que l’on n’occupe pas. VIII, 14.

Étudier, c’est vivre dans la hantise de ne pas y arriver tout en craignant de perdre ce que l’on a pu apprendre. VIII, 17.

Le Maître ne parlait que rarement d’intérêt, que ce soit à propos de la destinée ou du sens de l’humanité. IX, 1.

Le Maître avait quatre choses en exécration : “Je pense”, “il faut”, “je suis sûr”, “moi…” IX, 4.

“Tout passe comme cette eau, sans trêve jour et nuit”, s’exclama le Maître au bord d’une rivière. IX, 17.

Comparons notre travail à la construction d’un tertre : si l’on s’arrête avant le dernier panier, nous porterons la responsabilité de son inachèvement. Comparons-le à l’aplanissement d’un terrain : n’aurait-on versé que le premier panier, si l’on persévère, nous progresserons. IX, 19.

Qui sait n’est plus assailli de doutes ; qui possède le sens suprême de l’humain ne se tourmente plus ; le brave ne connaît plus la peur. IX, 29.

Les cerisiers en fleur / S’inclinent et se retournent : / Comment ne penserais-je pas à toi ! / Mais ta demeure est si lointaine… / S’il pensait vraiment à elle, qu’importerait la distance ?” fit remarquer le Maître. IX, 31.

Dans son village Confucius paraissait effacé et semblait incapable de s’exprimer. Au temple des ancêtres ou à la cour il parlait avec aisance mais pesait ses mots. / À la cour il se montrait cordial avec les grands officiers de rangs inférieurs, déférent avec ceux de rangs supérieurs. En présence du souverain il manifestait une crainte respectueuse par une démarche précautionneuse. X, 1.

Que peut-on savoir de la mort avant de connaître la vie ? XI, 12.

Les vertus du noble sont comme le vent, celles de l’homme de peu semblables à l’herbe : là où passe le vent, l’herbe ne peut que se coucher. XII, 19.

Est éminent qui, droit de nature, aime la justice, sait observer l’expression de celui dont il examine les paroles et ne songe qu’à se placer au-dessous d’autrui. XII, 20.

Fan Chi demandait ce qu’était le sens suprême d’humanité. “Aimer autrui”, dit le Maître. / Il demanda ce qu’était la connaissance. Le Maître répondit : “Connaître autrui.” Comme Fan Chi ne saisissait pas bien, il ajouta : “Promouvoir les justes pour les placer au-dessus des retors est un moyen de rendre droits ces derniers.” XII, 22.

C’est par sa culture que le noble rassemble autour de lui des amis, et ce sont ces amis qui concourent à renforcer son amour de l’homme. XII, 24.

Combattre avec un peuple qui n’a pas été instruit, revient à l’abandonner à son sort. XIII, 30.

Dans un pays qui suit la juste voie, parle franc et agis droit. Dans le cas contraire agis droit mais parle avec discrétion. XIV, 3.

Paroles données sans retenue ne sauraient être facilement tenues. XIV, 20.

La voie de l’homme de qualité repose sur une triple base que je ne saurais réaliser : une bonté sans inquiétudes, un savoir qui a banni le doute, un courage qui ne connaît plus la peur. XIV, 28.

Plutôt que te désoler d’être méconnu, déplore ton manque de compétences. XIV, 30.

Si tu ne parles à qui aurait mérité un échange de paroles, tu perds l’homme. Si tu parles à qui ne vaut pas la peine d’être connu, tu perds tes paroles. Une personne avisée évite aussi bien de perdre l’homme que ses paroles. XV, 8.

Ce que l’homme de qualité exige de lui-même, l’homme de peu le demande d’autrui. XV, 21.

Comme Zigong lui demandait s’il connaissait un mot qui méritât de diriger la conduite d’une vie entière, le Maître répondit : “Ne serait-ce pas le mot mansuétude ? Ne pas infliger à autrui ce qu’on ne voudrait pas que l’on vous fît. XV, 24.

Les belles paroles jettent la confusion, les petites impatiences compromettent les grands desseins. XV, 27.

L’homme de qualité a souci d’entretenir neuf occasions de penser […], il songe à voir clairement ce qu’il regarde, à entendre distinctement ce qu’il écoute, à garder une expression amène, à montrer un visage déférent, à parler loyalement, à servir respectueusement. Il pense à poser des questions, s’il a des doutes, et songe aux conséquences avant de se laisser emporter. À la vue d’un gain possible, il n’oublie pas la justice. XVI, 10.

“La nature humaine nous rapproche, mais les us et coutumes nous éloignent les uns des autres”, fit remarquer le Maître. / “Ne demeurent immuables que sagesse suprême et stupidité profonde”, dit le Maître. XVII, 2.

À Zizhang qui l’interrogeait sur la bonté, Confucius répondit : “Il la possède, celui qui est capable de pratiquer cinq vertus cardinales. / — Puis-je vous demander lesquelles ? / — Déférence, tolérance, bonne foi, diligence et générosité. La déférence bannit l’insulte. La tolérance gagne le cœur du plus grand nombre. La bonne foi est gage de confiance. La diligence assure l’efficacité et la générosité permet de diriger autrui. XVII, 4.

“Mon cher You”, dit le Maître, “as-tu entendu parler des six vertus et de leurs corruptions ? […] Assieds-toi : je vais te les raconter : bonté sans étude tourne à la bêtise ; sagesse sans étude devient superficielle ; bonne foi sans étude pousse au banditisme ; droiture sans étude rend cassant ; bravoure sans étude mène aux désordres ; rigueur sans étude mène à la folie du fanatisme.” XVII, 7.

Répéter au coin des chemins ce qu’on a entendu au bord de la route, c’est faire bon marché de la vertu. XVII, 12.

Qui est en butte à la haine à quarante ans, le restera toute la vie. XVII, 24.

La faute d’un homme de qualité est semblable à l’éclipse du soleil ou de la lune : elle est visible à tous. Se réforme-t-il ? Tous les regards se lèvent vers lui. XIX, 21.

Réglez soigneusement les poids et mesures, réexaminez les lois et règlements, réorganisez les charges abolies et l’administration fonctionnera aux quatre orients. Restaurez les principautés anéanties, rétablissez les successions interrompues, rappelez les exilés et vous gagnerez le cœur de tous les peuples de l’univers. XX, 1.

[Les cinq excellences à respecter pour gouverner] L’homme de qualité est généreux sans dépenser, donne de la peine sans provoquer de ressentiment, désire sans convoitise. Il est digne sans arrogance, imposant sans brutalité. / [Les quatre détestations à bannir pour gouverner] Tuer sans instruire est tyrannie ; attendre des résultats sans préavis est violence ; réduire les délais et retarder les ordres est brigandage ; dans la répartition des émoluments distribuer avec parcimonie est mesquinerie bureaucratique. XX, 2.

Sans connaissance de la destinée, on ne saurait devenir un homme de qualité. Sans connaissance de la courtoisie, on ne saurait s’y tenir. Sans connaissance du sens des mots, on ne pourrait comprendre les hommes. XX, 3.

Bibliographie

Confucius, Entretiens avec ses disciples, Paris, Flammarion, 1994.

Voir aussi

Notes contemplatives de lecture : L. Eul sou Youn, Confucius ; Herrigel, Le Zen dans l’art chevaleresque du Tir à l’ArcFrançois Jullien, Si parler va sans dire, Dialogue sur la moraleSun Tzu, L’art de la guerre.


Dsirmtcom, juillet 2022.

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