Bac Philo – II.2. L’Art – Fiche n° 2. Des Arts et des hommes

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Source : Raphaël, L’Ecole d’Athènes (détail : Platon et Aristote) – Wikimedia

Les leçons de Philosophie – Bac Philo – Partie II. La Culture – Chapitre 2. L’Art – Fiche n° 2. Des Arts et des hommes

Fiche n° 2 – Des Arts et des hommes

Introduction

Dans ce parcours, forcément limité, des doctrines philosophiques en lien avec l’art, nous aborderons d’abord Platon et sa métaphore des trois lits. Aristote viendra, comme toujours, contredire son maître Platon, en affirmant que si l’art est bien de l’imitation, il est la voie vers la connaissance. Kant nous aidera à distinguer le jugement de connaissance du jugement esthétique. Avec Hegel, nous dépasserons les illusions de l’art pour rechercher la vérité essentielle. Nietzsche, le philosophe au marteau, nous prescrira un bon stimulant, qui nous aidera à dépasser la nausée sartrienne, qui elle-même nous ramènera à Platon.

Des Arts et des hommes

Platon (427-347 av. J.-C.)

Pour parler d’art, Platon va au lit. Il faut ici rappeler que le disciple de Socrate est très critique avec l’art, notamment la poésie ou la peinture en trompe-l’oeil. Platon cherche la vérité, rien que la vérité, toute la vérité. Il place le monde intelligible, celui de l’âme, comme seule réalité véritable, face au monde que nous ne percevons que par nos sens, le monde sensible. La vérité, ce sont les Idées, essences éternelles, immuables, comme le Bien en soi, le Juste en soi ou le Beau en soi. Les choses belles ne font que participer à l’Idée du Beau en soi, elles ne sont pas belles en elles-mêmes, mais bien parce qu’elles participent de l’Idée du Beau en soi. Toute tentative de recréer le Beau en soi n’aboutit qu’à une pâle imitation de la vérité. Le règlement de la Cité idéale ne peut donc que refuser d’admettre la poésie qui ne fait que ruiner l’esprit en voulant imitant la beauté. Pour bien faire comprendre ce qu’est l’imitation, Platon va l’illustrer par la métaphore des “les trois lits” :

Ainsi, il y a trois sortes de lits ; l’une qui existe dans la nature des choses, et dont nous pouvons dire, je pense que Dieu est l’auteur – autrement qui serait-ce ? (…) Une seconde est celle du menuisier. (…) Et une troisième, celle du peintre (…). Ainsi, peintre, menuisier, Dieu, ils sont trois qui président à la façon de ces trois espèces de lits. Platon, La République, Livre X, 597 b.

Le Dieu est le créateur du lit naturel, le seul à être réel : c’est celui “dont toute l’essence est d’être « lit »”. C’est le lit “idéal”, autrement dit, l’Idée du lit, dont participeront tous les autres lits. Le lit du menuisier sera le lit d’un ouvrier “professionnel”, qualificatif donné par comparaison au Dieu, ouvrier “naturel” du lit-Idée. Le peintre ne sera que l’imitateur de ces deux ouvriers.

Tu appelles donc imitateur l’auteur d’une production éloignée de la nature de trois degrés. (…) Donc le faiseur de tragédies, s’il est un imitateur, sera par nature éloigné de trois degrés du roi et de la vérité, comme, aussi, tous les autres imitateurs. Ibid., 597 e.

Platon va même aller plus loin, en précisant que, contrairement au lit du menuisier qui peut se regarder sur toutes ces faces, le lit du peintre ne sera pas l’imitation de la réalité, mais seulement l’imitation de l’apparence. Nous sommes donc bien loin de la vérité : il est vrai qu’il reste fort difficile de dormir dans un lit représenté dans une peinture.

Aristote (384-322 av. J.-C.)

Le Stagirite va, comme à son habitude, se démarquer de son maître de l’Académie. Là où Platon critiquait l’art dans son imitation de l’apparence de la vérité, Aristote souligne l’importance de l’art dans la connaissance de la réalité, et dans ses effets bénéfiques sur notre esprit.

Il semble bien que, dans son ensemble, l’art poétique doive sa naissance à deux causes, toutes deux naturelles. En effet, les êtres humains sont dès leur enfance naturellement enclins à imiter, et cela précisément les distingue des autres animaux : l’homme est l’être le plus enclin à imiter, et il fait ses premiers apprentissages au moyen de l’imitation. Et, tous, ils prennent naturellement plaisir aux imitations ou représentations, comme les oeuvres d’art en témoignent : nous prenons plaisir à contempler les figurations, réalisées avec la plus grande exactitude, de choses qui, pour elles-mêmes, sont pénibles à voir, comme c’est le cas de l’apparence extérieure d’animaux particulièrement ignobles ou de cadavres. Ici aussi, la raison en est que comprendre procure un très vif plaisir non seulement aux philosophes, mais aussi, de la même façon, aux autres hommes, même s’ils n’y ont qu’un accès limité. Aristote, Poétique, 1448 b.

L’art est une source irremplaçable pour l’apprentissage. L’homme, cet “animal politique” au sens d’être fait par nature pour vivre en société (Polis la Cité), apprend par l’imitation. Il suffit d’évoquer pour nos contemporains le terme de “tuto” pour se rendre compte de l’importance de cet apprentissage par l’exemple. Si je veux savoir faire un surpiquage en couture, si je veux comprendre comment décoller des papiers peints, ou si je veux apprendre le saxophone, il me suffira – presque – de taper “tuto” accompagné du sujet voulu dans un moteur de recherche, pour instantanément découvrir des tutoriels, le plus souvent des vidéos qui montrent comment réaliser telle ou telle action. Plus simplement, nous apprendrons l’écriture en observant le geste qui produit une lettre, puis en essayant de l’imiter. De même, pour apprendre comment prononcer le son “Th” en anglais, il nous sera plus facile de l’écouter plusieurs fois pour essayer ensuite d’imiter sa prononciation. L’homme va donc “naturellement” apprendre en imitant, c’est-à-dire qu’il va acquérir de la connaissance, du savoir. C’est ce même savoir, tant recherché par le Socrate de Platon, qui “sait qu’il ne sait pas”, que l’homme qui n’est pas philosophie, autrement dit ami de la sagesse, va pouvoir développer grâce à l’imitation, grâce à l’art. Là où Platon fait l’éloge de la “vision de l’esprit”, au détriment de la vision sensible, Aristote vante les qualités de l’art pour comprendre le monde qui nous entoure. Les deux veulent savoir et veulent comprendre, l’un ne juge que par l’intelligible, par la seule raison et non par les sens ; l’autre montre que la représentation du réel par l’art, “avec la plus grande exactitude”, est une voie vers la connaissance, pour ceux qui “n’y ont qu’un accès limité”. Si je contemple le tableau de Raphaël, L’École d’Athènes, je peux comprendre très rapidement – avec quelques explications néanmoins – la différence de doctrine philosophique entre Platon et Aristote, rien qu’en les regardant : Platon a le doigt pointé vers le haut et montre ainsi le ciel des Idées ; Aristote a la paume de la main tournée vers le bas et désigne le monde sensible et immanent, c’est-à-dire “qui comporte en lui-même son propre principe, sa raison, sa fin ultime” (Morfaux – voir le terme “immanent” dans le Carnet de Vocabulaire). L’art fait ainsi accéder au savoir.

Kant (1724-1778)

Avec Kant, nous allons essayer de distinguer le jugement de goût de celui de connaissance ou jugement théorique. Pour qu’un jugement théorique soit valide, il faut qu’il recueille l’accord de tous les membres d’une communauté. Ce jugement va se fonder sur des preuves rationnelles, qui démontreront “la vérité d’une proposition ou la réalité d’un fait” (S. Manon). Il se fondera ainsi sur des concepts, c’est-à-dire des règles universelles qui déterminent objectivement cette vérité. Depuis Galilée, nous savons scientifiquement que la Terre tourne autour du Soleil et non l’inverse, car des preuves objectives l’ont démontré. Cette vérité ne peut faire l’objet d’un jugement contraire qui soit aussi vrai : un sujet singulier peut affirmer que selon lui le Soleil tourne autour de la Terre, mais il ne pourra ni le démontrer, ni recueillir l’accord de tous les autres. Son jugement “théorique” sera subjectif, singulier, mais surtout il sera erroné. Qu’en est-il du jugement de goût ?

Lorsqu’il s’agit de ce qui est agréable, chacun consent à ce que son jugement, qu’il fonde sur un sentiment personnel et en fonction duquel il affirme d’un objet qu’il lui plaît, soit restreint à sa seule personne. Aussi bien disant : « Le vin des Canaries est agréable », il admettra volontiers qu’un autre corrige l’expression et lui rappelle qu’il doit dire : cela m’est agréable […] Ce serait folie que de discuter à ce propos, afin de trouver erroné le jugement d’autrui qui diffère du nôtre, comme s’il lui était logiquement opposé ; le principe : « à chacun son goût » (s’agissant des sens) est un principe valable pour ce qui est agréable. Il en va tout autrement du beau. Il serait (tout juste à l’inverse) ridicule que quelqu’un, s’imaginant avoir du goût, songe à en faire preuve en déclarant : cet objet (l’édifice que nous voyons, le vêtement que porte celui-ci, le concert que nous entendons, le poème que l’on soumet à notre appréciation) est beau pour moi. Car il ne doit pas appeler beau ce qui ne plaît qu’à lui. Beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charme et de l’agrément, personne ne s’en soucie ; toutefois lorsqu’il dit qu’une chose est belle, il attribue aux autres la même satisfaction ; il ne juge pas seulement pour lui, mais pour autrui et il parle alors de la beauté comme si elle était une propriété des choses. Kant, Critique de la faculté de juger.

Le jugement de goût ou jugement esthétique va chercher l’accord des autres, comme le jugement théorique. Toutefois, il ne va pas pouvoir ici se fonder sur des concepts rationnels : il n’y a pas de preuve objective qu’un objet est “beau”. Si nous nous rapportons seulement à nous-mêmes, nous pouvons dire qu’un objet nous plaît ou qu’il nous est agréable. Nous ne pouvons pas “disputer” cette affirmation personnelle avec autrui, c’est-à-dire argumenter avec des concepts déterminés rationnellement pour prouver que ce que nous affirmons est vrai pour tous. Pour chercher l’accord des autres sur ce qui est beau, nous allons penser en nous mettant à la place de l’autre, et chercher ainsi un accord possible, potentiel : c’est la “mentalité élargie” (voir la fiche de lecture Hannah Arendt, La crise de la culture).

Dès que l’on porte un jugement sur des objets uniquement d’après des concepts, toute représentation de beauté disparaît. On ne peut donc indiquer une règle d’après laquelle quelqu’un pourrait être obligé de reconnaître la beauté d’une chose. On ne veut pas se laisser dicter son jugement par quelque raison ou par des principes lorsqu’il s’agit de savoir si un habit, une maison, ou une fleur sont beaux. On veut examiner l’objet de ses propres yeux, comme si la satisfaction qu’on y prend dépendait de la sensation ; et cependant si l’on déclare que l’objet est beau, on croit avoir pour soi toutes les voix et l’on prétend à l’adhésion de chacun, bien que toute sensation personnelle ne soit décisive que pour le sujet et sa satisfaction propre. Par où l’on voit que dans le jugement de goût on ne postule rien que cette universalité des voix par rapport à la satisfaction, sans la médiation des concepts ; par conséquent on postule la possibilité d’un jugement esthétique qui puisse être valable en même temps pour tous. Le jugement de goût ne postule pas lui-même l’adhésion de chacun (seul un jugement logique universel peut le faire parce qu’il peut présenter des raisons) ; il ne fait qu’attribuer à chacun cette adhésion comme un cas de la règle dont il attend la confirmation de l’accord des autres et non pas de concepts. L’assentiment universel est donc seulement une Idée. Ibid.

Le jugement esthétique ne se fondera pas sur des concepts, des règles nous imposant de trouver beau tel objet. Mais lorsque nous émettrons un jugement de goût, nous allons attribuer aux autres ce même jugement, non par logique, mais par une “norme idéale” : la satisfaction que nous éprouvons devant la beauté d’un objet résultant non de concepts, mais “du libre jeu de l’imagination et de l’entendement” est possiblement universelle, commune. Cette harmonie entre nos facultés sensibles et nos facultés intellectuelles, ce sentiment de plaisir éprouvé pourra être communicable :

Comme l’idée de vérité exige pour être signifiante le principe d’un sens commun logique, l’idée de beauté exige celui d’un sens commun esthétique. Simone Manon, Peut-on convaincre autrui de la beauté d’un objet ? Kant.

Hegel (1770-1831)

Avec Platon, nous avons vu que l’art n’était que l’imitation de l’apparence de la véritable réalité du monde intelligible des Idées, essences pures qui ne peut être perçues qu’avec la “vision de l’esprit”. Hegel semble confirmer cette conception de l’art: l’art est “le règne de l’apparence, de l’illusion”, et il ne fait que créer des apparences qui “ne sont que de pures illusions”. Pourtant, pour que nous puissions parler de l’existence des essences pures que sont les Idées platoniciennes, il faut bien que nous ayons pu avoir un accès, même le plus restreint, à la connaissance de cette existence. Dans le cas contraire, nous ne pourrions pas parler de quelque chose dont nous ne devinerions rien de son existence.

(…) toute essence, toute vérité, pour ne pas rester abstraction pure, doit apparaître. Hegel, Esthétique.

Pour que Moïse puisse transmettre les dix commandements, il faut d’abord que Dieu lui apparaisse sous la forme du buisson ardent (Exode, chapitre 3). Pour que Platon expose sa théorie des Idées, il faut qu’elles lui soient apparues au moyen de la “vision de l’esprit”. Ainsi, pour que nous puissions concevoir ce qui est abstrait, sans que cela ne soit inatteignable, il faut que cela nous apparaisse. Et l’apparence est loin d’être “just an illusion” :

Mais l’apparence elle-même est loin d’être quelque chose d’inessentiel ; elle constitue, au contraire, un moment essentiel de l’essence. Le vrai existe pour lui-même dans l’esprit, apparaît en lui-même et est là pour les autres. Il peut donc y avoir plusieurs sortes d’apparences ; la différence porte sur le contenu de ce qui apparaît. Si donc l’art est une apparence, il a une apparence qui lui est propre, mais non une apparence tout court. Ibid.

Hegel désigne cette apparition comme le “moment essentiel de l’essence”. Sans ce moment, nous ne connaîtrions même pas l’existence de cette essence, qui resterait si pure qu’elle en serait inaccessible à notre esprit. Pour Hegel, l’art est bien moins illusoire que “ce que nous appelons réalité”. Il s’agit ici du monde que nous percevons par nos sens, le monde sensible que Hegel, comme Platon, considère non comme un “monde de vérité”, mais comme “un monde d’illusions”. Il nous faut alors comprendre ce qu’est cette apparence propre à l’art. Et c’est dans notre quête à visée philosophique que nous allons trouver la réponse hégélienne.

(…) ce que nous recherchons, dans l’art comme dans la pensée, c’est la vérité. Dans son apparence même, l’art nous fait entrevoir quelque chose qui dépasse l’apparence : la pensée. Ibid.

Le philosophe recherche la vérité. C’est pour cela que Hegel estime que l’art est “dans la même sphère que la religion et la philosophie” (cité dans A. Renaut). Les prisonniers de la caverne de Platon contemplaient les ombres projetées sur la paroi, en croyant percevoir la réalité. Celui qui contemple l’art peut entrevoir la vérité, dans le “moment essentiel de l’essence”. C’est le reflet de la pensée, qui va transcender l’apparence de l’oeuvre d’art.

Friedrich Nietzsche (1844-1900)

L’art et rien que l’art ! C’est lui qui nous permet de vivre, qui nous persuade de vivre, qui nous stimule à vivre. Nietzsche, Humain trop humain.

Sans art, nous ne saurions vivre en tant qu’humain. Nietzsche le désigne comme “le grand stimulant de la vie” (Crépuscule des idoles, § 24). Lorsqu’il décrit ce qui est la finalité de l’art, il élimine d’abord la morale : le but de l’art n’est pas de “moraliser et d’améliorer les hommes”. La morale n’est pas en “odeur de sainteté” (ou plutôt, elle l’est trop) chez Nietzsche. C’est la morale de la pitié exposée dans Pour une généalogie de la morale : le “danger des dangers” (voir la fiche de lecture de cet ouvrage). Il évoque les artistes “valets de chambre d’une morale, d’une philosophie ou d’une religion”. Si nous considérons les oeuvres de l’art religieux chrétien notamment, nous ne trouverons effectivement qu’un art dont la finalité est de servir la religion qu’il représente, à l’exception d’un Jérôme Bosch et de ses oeuvres si expressives de bien d’autres sujets que la religion. L’art comme stimulant de la vie doit nous inciter à nous dépasser pour tendre vers un “désir de vie”, un “idéal de vie”.

L’artiste tragique, que nous communique-t-il de lui-même ? N’affirme-t-il pas précisément l’absence de crainte devant ce qui est terrible et incertain ? – Cet état lui-même est un désir supérieur, celui qui le connaît l’honore des plus grands hommages. Nietzsche, Le Crépuscule des idoles, § 24.

Ne pas craindre ce qui est terrible et incertain : nous pourrions ici retrouver Épicure dans sa Lettre à Ménécée (voir la fiche de lecture) lorsqu’il affirme que la mort, si terrible et incertaine quant à sa venue, tant crainte par les hommes, n’est rien pour nous. C’est un état d’absence de crainte, c’est l’ataraxie des épicuriens et des stoïciens. L’instinct de l’artiste va au “désir de vivre”, désir supérieur à toute crainte.

Le petit plus :

Dans La Nausée, Sartre va exprimer une critique rude sur les effets supposés de l’art chez certains d’entre nous. Le héros de son roman, Antoine Roquentin, écrit ainsi à la fin de ses cahiers :

Dire qu’il y a des imbéciles pour puiser des consolations dans les beaux-arts. Comme ma tante Bigeois : “les Préludes de Chopin m’ont été d’un tel secours à la mort de ton pauvre oncle.” Et les salles de concert regorgent d’humiliés, d’offensés qui, les yeux clos, cherchent à transformer leurs pâles visages en antennes réceptrices. Ils se figurent que les sons captés coulent en eux, doux et nourrissants et que leurs souffrances deviennent musique, comme celles du jeune Werther ; ils croient que la beauté leur est compatissante. Les cons. Sartre, La Nausée.

Quelques lignes plus loin, le héros va toutefois ressentir lui-même la force de l’art en écoutant un air de jazz ponctué de “quatre notes de saxophone” qui semblent dire : “Il faut faire comme nous, souffrir en mesure.” Et voici comment il décrit ce qu’il éprouve devant “cette petite douleur de diamant” :

Elle n’existe pas. C’en est même agaçant ; si je me levais, si j’arrachais ce disque du plateau qui le supporte et si je le cassais en deux, je ne l’atteindrais pas, elle. Elle est au-delà – toujours au-delà de quelque chose, d’une voix, d’une note de violon. A travers des épaisseurs et des épaisseurs d’existence, elle se dévoile, mince et ferme et, quand on veut la saisir, on ne rencontre que des existants, on bute sur des existants dépourvus de sens. Elle est derrière eux : je ne l’entends même pas, j’entends des sons, des vibrations de l’air qui la dévoilent. Elle n’existe pas, puisqu’elle n’a rien de trop : c’est tout le reste qui est de trop par rapport à elle. Elle est. Ibid.

Prenez un instant la “vision de l’esprit” de Platon, et changez cette “douleur de diamant” en Idée, en essence pure : vous avez ici l’expérience du monde sensible, empli “d’existants”, qui dévoilent le monde intelligible en participant à l’essence pure, qui est tout “en soi” et n’a besoin de rien d’autre pour être, et surtout qui n’a nul besoin d’une existence, puisqu’elle est.

En bref/L’essentiel

Platon

  • L’art ne fait qu’imiter l’apparence de la vérité. Il est donc critiquable et ne peut être accepté dans le fonctionnement d’une cité, ni donc par un esprit cherchant la seule vérité.

Aristote

  • L’homme est “l’être le plus enclin à imiter” ;
  • L’art est une source irremplaçable pour l’apprentissage, une voie vers la connaissance.

Kant

  • Le jugement de goût ou jugement esthétique se différencie du jugement de connaissance ou jugement théorique parce qu’il ne se fonde pas sur des concepts rationnels, mais sur le sentiment de plaisir éprouvé devant le Beau ;
  • Le jugement de connaissance et l’idée de vérité, ont pour principe un sens commun logique ; le jugement de goût et l’idée de beauté ont pour principe un sens commun esthétique.

Hegel

  • L’art est le règne de l’apparence et de l’illusion, pourtant il est le moyen de connaître l’essence et la vérité ;
  • L’apparence est “un moment essentiel pour l’essence” ;
  • “Ce que nous recherchons, dans l’art comme dans la pensée, c’est la vérité”.

Nietzsche

  • L’art est “le grand stimulant de la vie” ;
  • Il nous incite à nous dépasser pour tendre vers un “idéal de vie”.

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1. L’Art – De quoi parlons-nous ?

2. Des Arts et des hommes

3. L’Art – “A quoi bon expliquer une oeuvre d’art ?”

4. L’Art – Bibliographie

Voir aussi

Les différents articles du site.

Les Fiches de lecture.

Le Carnet de Vocabulaire Philosophique.

Les Citations.

La Grande Bibliothèque Virtuelle de la Philosophie.

Dsirmtcom, août 2019.

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