#Philovember 16. La Religion : Dieu est-il l’anxiolytique originel ? #Philosophie #Religion

Cierges église Saint-Malo Dinan

Source : Eglise Saint-Malo, Dinan – 20 décembre 2015 – Photo @DSirmtCom

Retour au #Philovember

Notes éthiques n° 1

Préambule

Il ne s’agira pas dans cet essai de contester la/les religion(s) ou de critiquer la croyance en un ou plusieurs dieux. Ce modeste texte se veut une réflexion sur les effets “désirables” et/ou indésirables de Dieu sur l’être humain. J’imagine en débutant l’exercice que je ne trouverai bien entendu aucune réponse unique et affirmative. Ce n’est d’ailleurs pas l’objet de ma recherche. Au travers de ces quelques pages, je n’ai pour ambition – et avec une grande humilité devant l’ampleur de la tâche et mon maigre bagage philosophique – que de faire mes premiers pas dans la démarche éthique. Merci donc par avance au lecteur (je me garderai pour l’instant d’accorder ce vocable au pluriel) pour sa grande clémence à l’égard de mon écrit.

Précision d’importance : je me considère comme agnostique, c’est-à-dire que je ne saurais décider si Dieu existe ou non, et par ce fait s’il faut croire ou non en un “être suprême”. Je ne suis donc ni athée, ni croyant.

Mais pourquoi ???

Dieu est-il l’anxiolytique originel ? Pourquoi une telle question ?

Le délaissement de la religion

Dans une époque où la religion prend de multiples visages, allant de démonstration de volonté d’ouverture d’un nouveau pape à l’horreur absolue du fanatisme, un sondage de 2012 montre que 63% des français ne s’identifient à aucune religion.

Les temps actuels sont donc marqués en France par un délaissement de la religion par une majorité de personnes.

Le XXIème siècle sera anxieux ou ne sera pas

L’angoisse existentielle est une caractéristique de notre époque. Une enquête de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) montre qu’en 2012, 7 millions de français ont consommé une benzodiazépine anxiolytique. Cette dernière catégorie représente 53% de la consommation globale de benzodiazépines, qui elle-même représente près de 4% de la consommation totale de médicaments en 2012. Ces données confirment une reprise de la consommation globale de benzodiazépines depuis 2010.

Problématique, hypothèses de travail et objectif

Le problème lié aux constats ci-dessus amènent à la question suivante : la perte du sentiment religieux est-elle influente sur l’augmentation de la prévalence des états anxieux ? Autrement dit, la consommation en hausse des anxiolytiques a-t-elle un lien avec la disparition progressive de la croyance en Dieu ?

L’hypothèse de travail est donc la suivante :

La religion a été le moyen originel des êtres humains pour surmonter leurs angoisses existentielles

L’objectif de cette réflexion est, au regard de différents courants éthiques, d’éclairer ce questionnement et d’y apporter, sinon une réponse, forcément imparfaite, pour le moins une modeste contribution à l’avancée de ce thème.

Exploration des concepts

Anxiété et anxiolytiques

Étymologie

Le Littré définit l’anxiété comme une “angoisse d’esprit” et “En termes de médecine, état de trouble et d’agitation, avec sentiment de gêne et de resserrement à la région précordiale. Inquiétude, anxiété et angoisse sont trois degrés du même état”. L’étymologie du mot anxiété vient de anxietas, de ango, serrer.

Le terme anxiolytique est composé de anxio-, issu du radical anxieux, et de -lytique, dérivé du terme lyse, qui signifie en biologie:  “Dissolution d’éléments organiques (tissus, cellules, micro-organismes) sous l’action d’agents physiques, chimiques ou enzymatiques”. Dans le cas des anxiolytiques, ils “agissent en augmentant la capacité de relaxation et en diminuant les manifestations physiques de l’anxiété”. Il s’agit donc plus ici de “dissoudre” un état émotionnel, l’anxiété, à l’aide ce ce type de traitement, que de dissoudre un élément organique.

Les degrés d’un état basé sur la peur

Il convient de rappeler, comme indiqué plus haut, que l’inquiétude, l’anxiété et l’angoisse sont trois degrés d’un même état émotionnel.

“Toutes trois s’accompagnent d’une réaction d’alarme de l’organisme et sont reliées à une émotion de base : la peur. Précisons :

  • l’inquiétude (du latin inquietus, agité) est un état de tension interne, d’intranquillité, causé par la crainte, l’incertitude, l’appréhension, l’irrésolution, qui s’accompagne parfois d’une agitation motrice ;
  • l’anxiété est une émotion confuse qui donne le sentiment de l’imminence d’un danger indéterminé. C’est une forme atténuée de l’angoisse, sans manifestations somatiques ;
  • l’angoisse se traduit elle aussi par un sentiment de danger imminent, mais s’accompagne d’une sensation physique pénible qui prend la forme d’une oppression (d’où son nom, du latin angustia, resserrement, ; d’où vient aussi le mot “angine”) thoracique, respiratoire, cardiaque.”

Anne-marie Filliozat, Gérard Guasch – Aide-toi, ton corps t’aidera – Éditions Albin Michel, 2006

Zoom sur l’angoisse

Revenons sur le mot “angoisse”. De façon surprenante, ce mot est lié au nom d’un fruit, la poire d’angoisse, mais avec deux sens différents.

Un fruit qui vous reste en travers de la gorge

Le premier sens est celui d’un fruit originaire du village d’Angoisse, en Dordogne, citée par Rabelais dans Pantagruel, et qui aurait eu pour caractéristique d’être très dure à mâcher et très âpre, donnant une sensation d’un serrement de gorge.

Molière cite la poire d’angoisse avec un premier indice d’un lien entre religion et anxiété :

Je vous présente des poires de bon-chrétien pour des poires d’angoisse que vos cruautés me font avaler tous les jours

Molière – La comtesse d’Escarbagnas – 1671

A lire cette phrase, il semble que la religion ait eu a l’époque des vertus calmantes permettant de dissiper ou pour le moins de réduire l’angoisse.

Un instrument de torture !

Il existe une autre définition, beaucoup plus terrible : la poire d’angoisse était un instrument de torture utilisée par les voleurs pour étouffer les cris de leurs victimes. Elle avait la forme d’une poire en métal qui s’ouvrait dans la bouche jusqu’à bloquer les mâchoires.

1024px-Oral_pear.jpg

« Oral pear » par Klaus D. Peter, Wiehl, Germany — Travail personnel. Sous licence CC BY 3.0 via Wikimedia Commons – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Oral_pear.jpg#/media/File:Oral_pear.jpg

Un  peu de pharmacologie

Définition et effets indésirables

Les anxiolytiques font partie de la famille des sédatifs psychiques, c’est-à-dire qu’ils diminuent l’activité mentale.

Pour un même patient, l’association de deux anxiolytiques n’a démontré aucun intérêt (est-ce à dire en extrapolant qu’associer deux religions chez un même croyant n’aurait  aucun intérêt non plus ? Faudrait-il pour cela qu’il ait un dédoublement de la personnalité ?).

Les effets indésirables des anxiolytiques sont :

  • un risque de dépendance en cas de durée de traitement trop longue
  • une somnolence en début de traitement
  • des réactions paradoxales avec une augmentation de l’anxiété
  • des troubles de la mémoire
  • des troubles du comportement en cas d’association avec l’alcool

Pharmaco-théologie

Comparons un peu quelques-uns de ces effets à ceux qui pourraient leur ressembler dans la croyance religieuse.

Dépendance

Le croyant est un addict à Dieu : il le voit partout, il est omniprésent, il ne peut pas s’en passer. Les critères de la dépendance selon le DSM-IV sont les suivants :

  1. Tolérance, définie par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
  1. Besoin de quantités nettement majorées des la substance pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré ;  
  2. Effet nettement diminué en cas d’usage continu de la même quantité de substance.
  1. Comme en témoigne l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
  1. Syndrome de sevrage caractéristique de la substance ;  
  2. La même substance (ou une substance apparentée) est prise dans le but de soulager ou d’éviter les symptômes de sevrage.
  1. Substance souvent prise en quantité supérieure ou sur un laps de temps plus long que ce que la personne avait envisagé
  2. Désir persistant ou efforts infructueux pour réduire ou contrôler l’utilisation de la substance ;
  3. Temps considérable passé à faire le nécessaire pour se procurer la substance, la consommer ou récupérer de ses effets ;
  4. D’importantes activités sociales, occupationnelles ou de loisirs sont abandonnées ou réduites en raison de l’utilisation de la substance ;
  5. Poursuite de l’utilisation de la substance malgré la connaissance de l’existence d’un problème physique ou psychologique persistant ou récurrent déterminé ou exacerbé par la substance.

Nous ne retiendrons que deux de ces critères : le temps passé à se “procurer la substance” et l’abandon d’autres activités au profit de “la substance”.

Le temps passé à chercher Dieu peut être considérable – surtout s’il n’existe pas. Nietzsche fait ainsi parler Zarathoustra dans la préface de son ouvrage :

Mais quand Zarathoustra fut seul, il parla ainsi à son cœur : « Serait-ce possible ! Ce vieux saint dans sa forêt n’a pas encore entendu que Dieu est mort ! ».

L’anachorète était resté si longtemps dans sa forêt à chercher Dieu que ce dernier en était mort !

Le croyant, surtout s’il est fervent, est aussi contraint – à moins de le considérer comme un choix de sa part – d’abandonner certaines activités, surtout si elles sont contraires à ses obligations religieuses. Et pourtant la tentation sera toujours là, avec ses sept péchés capitaux, pour titiller le croyant, risquant de le faire basculer vers une autre addiction.

Somnolence

Loin de moi de vouloir qualifier la foi comme le sommeil de la raison. Enfin, pas si loin quand même.

La somnolence se définit comme un “État d’inertie, de passivité d’une personne, d’un groupe social, d’une collectivité”. Pouvons-nous considérer que la foi assoupisse la rationalité humaine ?

Prenons juste l’exemple du déluge qui poussa Noé à construire son arche, évoqué par Gaston Bachelard dans L’eau et les rêves. Il décrit ainsi l’impossibilité de l’existence du déluge. Comment ces eaux qui ont monté jusqu’à recouvrir toute l’étendue terrestre ont-elles pu s’évacuer quelque part, puisque la quantité d’eau sur notre Terre est finie ? S’il y avait eu assez d’eau pour ce déluge, c’est qu’elle existait déjà, et il était donc impossible de recouvrir l’ensemble du globe puis de disparaître ensuite totalement. Et pourtant l’homme de foi restera persuadé que le déluge n’est pas un rêve et qu’il doit convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé.

Bref, il faut donc se méfier de l’eau qui dort, tout comme de la somnolence induite par le divin.

Réactions paradoxales avec une augmentation de l’anxiété

Pascal, qui n’était pas le dernier pour croire en Dieu, était particulièrement effrayé par l’infini divin et son silence (Cf. chapitre Dieu).

Le péché mortel était l’arme fatale : celui qui le commettait était en état de mort cérébrale, enfin plutôt de mort spirituelle. Voilà qui pouvait induire quelques angoisses lorsque la tentation rodait trop près du pécheur potentiel.

L’inquisition à l’époque a du engendrer bien des angoisses, même pour les croyants convaincus. Pour paraphraser Hamlet de Shakespeare : “Être ou ne pas être croyant,  telle est la Question”, aurait pu dire avec un petit sourire le grand inquisiteur.

Dieu

Le champ d’étude exploré sera limité à la religion chrétienne, car j’avoue mon peu de connaissance des autres religions. Nous resterons donc dans le principe d’une religion monothéiste pour ce chapitre.

Dieu, qui êtes-vous ?

Dans la tradition judéo-chrétienne, Dieu est “l’Être éternel, créateur de tout ce qui existe (animé et inanimé) et providence de l’univers créé, à qui les hommes doivent un culte”.

Il y a un an, y a un siècle, y a une éternité

Dieu se caractérise donc par l’absence de temporalité, éternel, avec la notion d’in-fini, d’absence de limites temporelles mais aussi spatiales. Il n’a pas de finitude, contrairement à l’homme, qui lui en a une : la mort.  

Considérant l’infini, il convient de se remémorer cette pensée de Pascal :

Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.

Pascal – Pensées.

Voici une première apparition d’une forme d’angoisse, face à l’infini du divin, infirmant peut-être mon hypothèse d’un Dieu anxiolytique, sauf à ce que cela soit un effet indésirable (Cf. chapitre Anxiété et anxiolytiques – Un peu de pharmacologie).

La condition humaine rendrait impossible à l’homme de pouvoir concevoir cet infini. Et pourtant, nous disposons bien d’un vocable pour le nommer. Le mot “infini” a bien été créé par l’homme. Ainsi, nous savons dénommer un concept que nous ne saurions concevoir ? Aurions-nous donc une forme d’aveuglement où serait-ce Dieu qui aurait fait naître ce concept dans notre esprit ? Sauf à dire que si Dieu n’existe pas, nous sommes bien les créateurs de “l’infini”.

Êtres inanimés, avez-vous donc une âme, c’est pour un copain ?

Il a créé les êtres animés, étymologiquement ayant une âme, et les choses inanimées. Il est ce grand horloger évoqué par Voltaire dans ces vers :

L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer

Que cette horloge existe et n’ait pas d’horloger

Voltaire – Poésies.

D’où surgit alors un paradoxe : le créateur du Temps est lui-même hors du Temps. Comment l’infini peut-il concevoir et créer le fini ? Dieu croit-il en l’homme ? Pourrait-il exister, à l’instar d’un humain athée, un Dieu qui ne croit pas en l’homme ?… J’arrête là mon questionnement pour ne pas m’étourdir moi-même par une poussée d’angoisse existentielle.

Pro de chez pro

L’étymologie du terme « providence » vient du latin, pro qui signifie “pour” et videre, voir. Les sens sont multiples : pré-vision, pré-voyance, pour-voir. Le Littré définit la providence comme “suprême sagesse par laquelle Dieu conduit tout”. Voilà à nouveau un paradoxe : Dieu est hors du Temps mais il doit conduire le monde dans sa temporalité. Il se doit de “pré-voir”, donc de voir le futur et de pour-voir, rappelant la locution utilisé au poker lors des mises. Dieu serait-il joueur de cartes et capable de bluff ?

Cultissime

Je vais vous raconter maintenant une petite histoire de culte. Le mot “culte” vient du latin cultus, action d’honorer (un dieu, des parents, un Balzac – cherchez l’intrus -…). L’homme rend hommage à Dieu qui l’honore de sa présence. Mais cultus signifie aussi, au sens propre, l’action de cultiver et de soigner. Et voilà Voltaire qui revient vers nous :

Il faut cultiver notre jardin

Voltaire – Candide.

Cette phrase ne se contente pas d’être un encouragement à simplement développer ses qualités personnelles. Selon certaines interprétations, il s’agirait d’une critique de la religion (jardin d’Eden, paradis). Ce que la religion promet n’est qu’un mensonge, et seul compte de construire le bonheur terrestre, si minime qu’il soit.

Je m’présente, je m’appelle Dieu, j’voudrais bien réussir la Vie

Mon nom est personne

Il est intéressant  d’examiner les différents qualificatifs employé à son égard dans l’Ancien Testament :

  • Éternel, Dieu d’éternité : nous avons déjà évoqué ce caractère (Cf. chapitre Dieu – Dieu, qui êtes-vous ?)
  • Seigneur : si le terme est commun avec la féodalité (hors la majuscule), il se base sur le latin seniorem, issu de senior, signifiant “plus âgé”. Paradoxe à nouveau puisque notre Être suprême hors du Temps prend ici un coup de vieux. Être infini soit, mais un vieil infini – Pascal en aurait eu de bien plus grandes frayeurs…
  • Dieu Tout-Puissant : en théologie, le terme “puissant” renvoie à à celui “qui jouit d’un crédit suprême”. Il ne s’agit pas là hélas d’une générosité banquière, et pourtant la racine latine est bien apparentée au milieu  bancaire : creditum, issu de credere, “confier en prêt”. Le sens à retenir reste malgré tout plutôt “croire” et “confier” dans l’acception de confiance : confier son âme à Dieu. A la notion de prêt, souvenons-nous du vers de Lafontaine : “Pourvu que Dieu lui prête vie” (Jean de La Fontaine – Le petit poisson et le pécheur – Fables). Nous dépendrions donc bien d’un banquier, prêteur d’âme et de vie. Nous vivons tous à crédit dans ce cas.
  • Dieu Très-Haut : paradoxe, le retour… Comment un Dieu sans limites spatiales peut-il être en altitude ? Il s’agit bien sûr plutôt d’entendre ce terme comme désignant la supériorité abstraite de Dieu sur l’homme. C’est une image…

Sages comme des images

A propos d’image, il est écrit que :

Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme

Genèse 1:27.

En nous contemplant dans un miroir nous devrions voir comment est Dieu, si l’on en croit ce texte. Mais alors – Paradox Wars, épisode V – Dieu est fini dans son image, puisque notre corps s’arrête à notre épiderme. Dieu est-il à la fois homme et femme ?  Pas de réponse à cette question. L’explication serait peut-être ici :

L’homme et la femme sont créés à l’image de Dieu, en ce sens qu’ils sont plus importants que toutes les créations autres qu’elles, comme Dieu, ils ont l’esprit, la volonté, l’intelligence, les émotions, et la capacité morale. Les animaux ne possèdent pas une capacité morale et ne possèdent pas une composante immatérielle comme l’humanité l’a. L’image de Dieu est la composante spirituelle que l’humanité possède à elle seule. Dieu a créé l’humanité pour qu’elle ait une relation avec Lui. L’humanité est la seule création conçus à cet effet.

Il ne faut donc pas entendre “image” comme une vue du corps, mais comme une vue de l’esprit, si je puis dire. Dire que l’homme est à l’image de Dieu est une métaphore (Aristote is back). C’est à l’image de la puissance de Dieu que l’homme a le pouvoir de “dominer “sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre” (Genèse 1:28). Le verbe “dominer” permet de mieux comprendre la métaphore : il vient du verbe latin dominari, qui signifie être maître, avoir le pouvoir absolu ; et d’où viennent les mots “dimanche” et  “dominical”, Le repos dominical n’est autre que le septième jour après le début de la création où Dieu prit une RTT :

Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu’il avait faite: et il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu’il avait faite

Genèse 2:2.

Soit dit en passant – nous n’en sommes plus à un paradoxe près – Dieu a donc “pris son temps” alors qu’il n’a toujours pas de limites temporelles. Autrement dit, son action s’est inscrite dans le temps, incluant un temps de repos après le temps de travail. Dieu était-il un fervent syndicaliste ?

Religion

Étymologie

Le mot “religion” vient du latin religionem avec un double sens : relegere, recueillir ; et religare, relier. Intéressons-nous à ce denier. Relier implique qu’il y ait (au moins) deux entités au bout de ce lien : relier l’Europe à l’Amérique par exemple, relier un livre en joignant pages et couverture…  Mais il s’agit aussi d’un double lien (pas au sens de la thérapie systémique, quoique… voir ci-après), re-lier, c’est lier à nouveau. Est-ce à dire qu’il y a eu un Temps (oui, Dieu est toujours sans Temps, et sans Temps, ça fait une éternité) où Dieu et l’homme n’étaient plus liés ? D’un autre côté, si les adeptes de la “religion” avaient voulu omettre ce double lien, cela aurait donné la dénomination “ligion”.. Etrangère, assurément.


Le double lien, double bind en anglais, est un concept développé par la thérapie systémique (école de Palo Alto). Il consiste en une injonction paradoxale : “Sois spontané”, ce qui est impossible puisqu’on ne peut être spontané sur ordre ; “Veuillez ne pas lire cette phrase” est impossible à (ne pas) réaliser ; de même, l’injonction paradoxale de faire de la qualité des soins lorsqu’on diminue les moyens financiers dans les établissements de santé.

Une histoire racontée par Paul Watzlawick dans Faites vous-même votre malheur  permet de mieux comprendre la notion de double lien :

Une mère rend visite à son enfant et lui offre deux cravates, une bleue et une rouge. À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate rouge. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate bleue » ?

À la visite suivante, l’enfant se présente avec la cravate bleue. La mère lui dit : « tu n’aimes pas la cravate rouge » ?

À la visite suivante encore, l’enfant se présente avec les cravates bleue et rouge à la fois au cou et sa mère lui dit : « Ce n’est pas étonnant que tu sois placé en psychiatrie » !.


“La religion est l’opium du peuple”

Voir l’intéressante analyse de cette citation ici :

http://chevet.unblog.fr/2011/02/24/marx-la-religion-est-lopium-du-peuple-analyse-de-la-citation/)

Cette citation célèbre de Marx exprime l’aspect illusoire de la religion, qui prétend atténuer la souffrance humaine par la croyance en un paradis et un bonheur éternel n’existant que dans l’imaginaire religieux.

C’est la deuxième apparition du couple Dieu-anxiolytique que nous rencontrons (Cf. chapitre Dieu). Cette fois-ci, le rapport est inversé. Dieu serait bien une drogue qui calmerait les angoisses humaines.

Marx voit aussi dans la religion une aliénation, soit une privation de liberté. Après avoir été re-lié, l’homme devient a-lié-né, il va bien falloir qu’il soit dé-lié…

Dernière réflexion marxiste, l’opium est une drogue qui induit une dépendance, tout comme peuvent le faire les anxiolytiques (Cf. chapitre Anxiété et anxiolytiques – Un peu de pharmacologie). Nous avançons vers notre hypothèse avec cette révolution.

“Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas”

Cette citation, Malraux ne l’aurait jamais prononcée. Il a rectifié cette information lors d’une interview en 1975 :

On m’a fait dire : le XXIème siècle sera religieux.

Je n’ai jamais dit cela bien entendu, car je n’en sais rien. Ce que je dis est plus incertain.

Je n’exclus pas la possibilité d’un évènement spirituel à l’échelle planétaire.

Si l’on en croit le sondage du Monde (Cf. chapitre Mais pourquoi – Le XXIème siècle sera anxieux ou ne sera pas), plus de la moitié des français ne se réclament d’aucune religion. Ce sondage n’est bien entendu valable que pour la France et n’excluent pas que d’autres pays soient pas dans un autre contexte, surtout si l’on y ajoute les déviances religieuses que sont les sectes et le fanatisme.

Pourtant, n’y a-t-il pas de nos jours un ersatz de religion dans la quasi-addiction que nous vouons à la technologie ? Reprenons les composantes de la religion décrites précédemment :

  • Éternel, infini : la technologie (Internet, ordinateurs, smartphones, jeux vidéo..) nous fait parfois oublier les limites temporelles. En janvier 2015, un Taïwanais de 32 ans est mort après avoir joué aux jeux vidéo durant trois jours d’affilée dans un cybercafé – un oubli fatal du Temps qui passe… Pour le dépassement des limites spatiales, il suffit de constater leur totale abolition depuis qu’Internet nous permet de converser avec les antipodes ou d’observer ce qui se passe dans le moindre endroit du monde. Une visite via Google Earth ou Google Street View suffira à convaincre le plus incrédule.
  • La création d’êtres animés et inanimés : émoticones, avatars, jeux de simulation, l’homme est devenu à son tour créateur.
  • Providence : il sera par contre difficile de parler d’une “suprême sagesse” dans la manière dont l’homme conduit le monde.  Reste que la technologie nous apporte bien des pré-visions et pour-voit parfois à nos besoins – il n’est qu’à voir l’essor de la vente en ligne, même si le besoin dans ce cas peut-être bien futile.
  • Culte : les nomophobes, nouveaux êtres apparus avec les nouvelles technologies, ne peuvent se passer de leur smartphone ou de leur tablette. Le culte devient ici une aliénation au sens marxiste donné à la religion. S’il était vivant de nos jours, Marx se serait sans doute paraphrasé : “La technologie est l’opium du peuple” !

Freud serait-il à l’origine de la métempsychose de la confession catholique ?

L’analogie entre la confession et la psychanalyse dans les modalités de leurs déroulements présente un intérêt pour notre recherche. Il ne s’agit pas ici d’examiner le fond de ces deux pratiques mais leur forme et leur finalité.

Le site du dictionnaire Larousse donne ces définitions au mot “confession” :

  • Aveu de ses péchés à un prêtre catholique, pour en obtenir l’absolution.
  • Action de confier, d’avouer à quelqu’un les fautes, les erreurs qu’on a à se reprocher.

Freud définit la technique psychanalytique :

(..) la méthode analytique ne cherche ni à ajouter ni à introduire un élément nouveau, mais, au contraire, à enlever, à extirper quelque chose ; pour ce faire, elle se préoccupe de la genèse des symptômes morbides et des liens de l’idée pathogène qu’elle veut supprimer.

Sigmund Freud – La technique psychanalytique.

Le confessé, comme le patient en psychothérapie, va dire les éléments négatifs au confesseur/psychanalyste. Une fois cette action effectuée vient l’étape de la pénitence prononcé par le confesseur pour le confessé : “Regret intérieur et effectif de ses fautes, accompagné de la ferme volonté de les réparer et de ne plus y retomber”. Dans la psychothérapie, “L’analyste commente les rêves, explique et parfois dirige”.

Il y a donc dans les deux méthodes l’étape de mettre en paroles des éléments de vie empreints de souffrance ou de sentiment de culpabilité ; et vient ensuite la phase du mieux-être, absolution ou amélioration de l’état mental. L’absolution veut donc répondre ici au soulagement des angoisses de l’homme, tout comme la psychothérapie.

Discussion

Après ce voyage exploratoire au travers des concepts d’anxiété, d’anxiolytique, de Dieu et de la religion, nous voici arrivés sur le continent de la philosophie et de l’éthique. Nous allons tenter, le moins maladroitement possible espérons-le, de passer nos hypothèses au cribles de deux courants philosophiques : celui d’Aristote et son éthique des vertus, et celui de Kant et son éthique déontologique..

Nos réflexions sont alimentées par le très précieux ouvrage d’André Comte-Sponville : “Le plaisir de penser – Une introduction à la philosophie” (Librairie Vuibert – 2015).

Nos remerciements vont aussi au Professeurs DEMANGE et WATERLOT, de l’université de Genève, pour leur cours magistral sur “Le Bien, le Juste, l’Utile. Introduction aux éthiques philosophiques (MOOC dispensé en 2015 sur le site coursera.org).

Aristote et l’éthique des vertus

Aristote pour les Nuls

Osons tenter une hyper-synthèse de la philosophie artistotélicienne (oui, je sais, c’est un suicide intellectuel programmé.. Mais c’est pas fini, puisque nous agirons de même pour l’autre courant philosophique).

Pour Aristote, l’éthique est le but de l’action. Vient de suite la notion de télos, en grec la finalité poursuivie. L’action morale a pour finalité l’atteinte du “Souverain Bien” : le bonheur. L’éthique est la façon dont nous nous comportons selon le Bien, autrement dit être une personne bonne.

La spécificité de la nature de l’homme est sa rationalité, qui lui permet de choisir sa vie et de déterminer le but de son existence. Il se différencie ainsi de la vie végétative (plantes et arbres), et de la vie sensitive (animaux). L’homme a une vie rationnelle.

Pour agir en ayant la bonne attitude, l’homme utilise la vertu cardinale de la PrudencePhronésis en grec – au sens de sagesse pratique. La Vertu choisit le juste milieu, la médiété, pour ne pas sombrer dans l’excès ou le défaut des vertus :.par exemple, la médiété du courage du soldat deviendra une vertu par excès dans la témérité et par défaut dans la lâcheté.

“(..) l’homme n’est qu’une partie de la Nature. L’essentiel pour l’homme, c’est de connaître cet univers harmonieux et hiérarchisé, le cosmos, qui l’englobe, pour en suivre les lois, et, d’autre part, d’établir des lois justes, c’est-à-dire harmonieuses et hiérarchisées, elles aussi, pour construire une cité politique juste.” (..) “L’homme est donc, toujours pensé par rapport à autre chose que lui-même, qui le fonde et lui donne sens et finalité : soit le cosmos, qu’il a à connaître, soit la cité politique, qu’il a à construire et laquelle il a à vivre. Nous sommes dans une conception hétéronomique de l’homme.”

Suzanne RAMEIX – Fondements philosophiques de l’éthique médicale

Aristote écrit dans sa Métaphysique :

“A un tel principe sont suspendus le Ciel et la nature. Et ce principe est une vie, comparable à la plus parfaite qu’il nous soit donné, à nous, de vivre pour une bref moment (..) Si donc cet état de joie que nous ne possédons qu’à certains moments, Dieu l’a toujours, cela est admirable”

En clair, Dieu se donne de la joie en permanence (la chance !!!), quant à nous c’est plutôt au petit bonheur la chance.

The Aristote’s touch – Et Dieu dans tout ça ?

L’homme suit le Bien que le cosmos lui détermine. Ce n’est pas l’homme qui détermine ce qui est le Souverain Bien. La conception de l’homme est  hétéronomique, c’est-à-dire qu’autre chose – hétéro, du grec signifiant “autre” – lui dicte les lois – nomos, au sens de règle, loi.

Pour aller “bien” et ne plus être dans l’excès ou le défaut de la Vertu, l’homme suit les lois du cosmos et établit ses lois d’après ce dernier. En procédant ainsi, il poursuit l’atteinte du bonheur.

Il est à noter que les reprises théologiques d’Aristote amènent le “Souverain Bien” dans l’au-delà. Le bonheur ne peut plus dès lors être terrestre – je préfère Aristote du coup. Pour aller “bien”, il est incontournable de s’en remettre à Dieu/au cosmos.  

Dieu serait donc, sinon un anxiolytique, pour le moins un euphorisant, une “pilule du bonheur”, un Prozac® originel…

Kant et l’éthique déontologique

Kant en ton par là ?

Kant on dit Kant, arrive au galop l’impératif catégorique. Il ne s’agit pas ici d’un nouveau mode de conjugaison – quoique. L’impératif catégorique est ainsi formulé : “Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle”.

La maxime est le principe qui doit guider l’action. L’impératif catégorique est le devoir humain fondamental, l’essence même de l’éthique. D’où la dénomination d’une éthique déontologiquedéonto, du grec “ce qui doit être” et logos, discours, raison.

Vient ensuite l’impératif pratique : ““Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais seulement comme un moyen”. Autrement dit, ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse.

Emmanuel – qui signifie en hébreu “Dieu est avec nous”, le monde est petit –  Kant n’oublie pas le bonheur. Il apparaît dans l’impératif assertorique : ce que tous les hommes désirent, c’’est le bonheur. L’action a ici pour finalité (tiens, tiens, le retour du télos d’Aristote) le bonheur.

L’éthique déontologique de Kant conçoit l’autonomie de la volonté – du grec, autos, soi-même, et nomos, la loi. L’homme construit lui-même ses lois. Et la volonté doit être bonne, comme quand la musique l’est…

Kant et Dieu

La religion (considérée subjectivement) est la connaissance de tous nos devoirs comme commandements divins.

KANT, La Religion dans les limites de la simple raison.

Dieu n’est pas absent chez Kant. Son postulat théologique affirme l’existence de Dieu : “il est moralement nécessaire d’admettre l’existence de Dieu”. Dieu ne peut être connu, il faut y croire. Dès lors, le bonheur, le “souverain Bien”, n’est pas forcément atteint dans ce monde. Le bonheur, c’est toujours pour demain, mais dans l’au-delà dans ce cas.

Nous retrouvons ici la reprise théologique d’Aristote (Cf. chapitre The Aristote’s touch). Dieu est un anxiolytique a effet retard : nous atteindrons le bonheur, certes par des actions guidées par le devoir, “les commandements divins”, mais seulement après avoir passé l’arme à gauche. Le traitement de l’angoisse existentielle est ici radical : je ne suis plus angoissé car je vais mourir heureux. L’angoisse s’éteint, grâce à Dieu, en même temps que son propriétaire. Bon, c’est un point de vue, hein…

Conclusion

Courage, c’est bientôt fini…

Après ce survol des concepts et du passage au travers des mailles aristotéliciennes et kantiennes, nous parvenons à la fin de ce petit essai. Nous avons exploré les notions d’angoisse et d’anxiété en gardant la poire d’angoisse pour la soif. Nous avons pu voir les liens entre les anxiolytiques et certains effets de la croyance en Dieu : dépendance, somnolence, augmentation paradoxale de l’anxiété. Dieu n’a désormais – je plaisante – plus aucun mystère pour nous, fini l’infini ! Nous nous sommes bercés avec les pavots de la foi en passant par le raccourci en condensation d’une bonne con-fesse (Freud, sors de ce corps !).  Et nous avons enfin éclairé notre recherche par Aristote et le Kant des Lumières, tant qu’à faire.

What is the answer, Mister Smith has an umbrella ?

Alors si nous reprenons notre hypothèse de départ (ne vous embêtez pas à remonter les pages, elle arrive) :

La religion a été le moyen originel des êtres humains pour surmonter leurs angoisses existentielles

Quelle(s) réponse(s) avons-nous pu trouvée(s) ?

  1. Tout d’abord, la surprise que le fondateur de l’Illustre Théâtre avait déjà en son temps associé un remède divin, les poires de “bon-chrétien”, pour apaiser les angoisses piriformes.
  2. La similitude des effets secondaires des anxiolytiques avec les problèmes de foi : théo-addiction, risque de somnolence rationnelle, espaces infinis de frayeur pascaline.
  3. Que le fini est dans l’infini et réciproquement – et ça fiche les chocottes ; que Dieu est un joueur de poker et ce n’est pas un hasard:; que le jardinage détend, et pas qu’en Eden ; que Dieu est comme nous, il faut pas toucher à ses repos.
  4. La religion est un fournisseur de courant qui a pour slogan “Des hommes qui relient des hommes” ; c’est un opioïde puissant, ça Marx à tous les coups ; elle est l’ancêtre du hi-tech ; la religion est psychothérapeutique : le divin, c’est le divan.

La confrontation aux deux philosophes nous a montré :

  • Que le Docteur Aristote nous prescrit du Prozac® et que ça ira mieux.
  • Qu’Emmanuel – non, pas celle dans le fauteuil en rotin, quoique, c’est peut-être un moyen d’apaiser les tensions – nous dit : “C’est Kant le bonheur ? C’est Kant le bonheur ? “ ; et nous donne sa langue au chas (mais oui, vous savez, celui de la parabole du chameau) : c’est tout simple, il suffit de mourir.

Ainsi donc, nous pouvons considérer que nous pouvons répondre positivement à la question posée par notre hypothèse (là y en a plus que deux qui suivent, ce n’est plus une hypothèse mais plutôt une hypno-thèse) :

Oui, la religion a pu être un moyen des êtres humains pour surmonter leurs angoisses existentielles. Et ça marche peut-être encore de nos jours…

Vous êtes… arrivé(s)

Il est temps d’arriver à la fin de ce petit essai sans prétention (Oh non ! Pas déjà ! – ça fait du bien de se remplir d’illusions, c’est anxiolytiquement correct).

Je remercie chaleureusement le lecteur – y a quelqu’un ??? – qui aura eu le courage, au sens aristotélicien du terme, donc la vertu d’avoir parcouru toutes ces pages.

Les réflexions qui se sont déclinées tout au long de ces chapitres ne ferment pas bien sûr le sujet d’étude (promis, je recommencerai pas, donc je laisse le boulot à d’autres) .Il resterait à questionner le fait que les anxiolytiques ont peut-être pris la place de Dieu pour instaurer une nouvelle religion : le laboratoire qui commercialise Dieu a-t-il produit un générique qui aurait “la même composition en principes actifs (substances à l’origine de l’efficacité du traitement), la même composition qualitative et quantitative en principes actifs et la même forme pharmaceutique (comprimé, gélule, sirop…) que le médicament princeps.” ? A suivre donc…

Dsirmtcom, janvier 2016.

Retour au #Philovember

Voir aussi

Le Bac Philo.

Les différents articles du site.

Les Fiches de lecture.

Le Carnet de Vocabulaire Philosophique.

Les Citations.

La Grande Bibliothèque Virtuelle de la Philosophie.

Dsirmtcom, 22 septembre 2019.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.