Poésie – Giacomo Leopardi, Alla luna [À la lune]

Giacomo Leopardi, Canti

Ah ! qu’il est doux, Au temps de la jeunesse, quand le cours de l’espoir Est encor long, bref celui de la mémoire, De se ressouvenir des choses du passé Quand même elles sont tristes, et que la peine dure.

José Lezama Lima, A partir de la poesía [À partir de la poésie]

José Lezama Lima, Las Eras Imaginarias

Ange de la Jiribilla, prie pour nous. Et souris. Fais que cela arrive. Montre une de tes ailes, lis : Réalise-toi, accomplis-toi, sois antérieur à la mort. Veille sur les cendres qui reviennent. Sois le gardien du potens étrusque, de la possibilité infinie. Répète : L’impossible en agissant sur le possible engendre un possible dans l’infini. Et l’image a créé une causalité, c’est l’aube de l’ère poétique parmi nous. À présent nous pouvons pénétrer, ange de la Jiribilla, dans la sentence des Évangiles : “Nous portons un trésor dans un vase d’argile.”

Poésie – Jorge Manrique, ¡Oh, Mundo! Pues que nos matas… [Ô, monde ! Puisque tu nous tues…]

Jorge Manrique, Cancionero

Ô monde ! Puisque tu nous tues, Hors d'ici la vie que tu as donnée à Toute vie ; Mais comme tu nous traites ici, Le meilleur et le moins triste C’est le départ...

Poésie – Raúl Zurita (Chili), Guárdame en ti [Garde-moi en toi]

Raúl Zurita, Tu Vida Rompiéndose

Garde-moi toujours en toi Tiens-moi en toi, dans le filet d'air qui demeure encore dans ta voix Forte et lointaine Comme les lits glaciaires dans lesquels le Printemps s’écoule.

José Lezama Lima, Preludio a las eras imaginarias [Prélude aux ères imaginaires]

José Lezama Lima, Las Eras Imaginarias

Le poème est le témoignage ou l'image de cet être causal pour la résurrection, vérifiable quand le potens de la poésie, la possibilité de sa création dans l'infini, agit sur le continu des ères imaginaires. La poésie se fait visible, hypostasiée , dans les ères imaginaires, où elle se vit en image, par anticipation dans le miroir, comme la substance de la résurrection.

Poésie – Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, “Non, merci.”

Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac

N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît, Et, modeste d’ailleurs, se dire : mon petit, Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles, Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles ! Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard, Ne pas être obligé d’en rien rendre à César, Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite, Bref, dédaignant d’être le lierre parasite, Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul, Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !

Poésie – Arthur Rimbaud, Le Dormeur du Val

Arthur Rimbaud, Poésies complètes

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Poésie – Esperanza Ortega, No os diré nunca adiós [Je ne leur dirai jamais adieu]

Esperanza Ortega, Lo que va a ser de ti

Je ne leur dirai jamais adieu, Vieilles paroles gaspillées, Aux amis Aux fêtes Aux projets inachevés...

Poésie – Esperanza Ortega, Piadosamente (Lo que va a ser de ti) [Pieusement (Ce qu’il va en être de toi)]

Esperanza Ortega, Lo que va a ser de ti

La vérité est que tu ne sais pas non plus Ce qu’il va en être de toi.

Poésie – Giacomo Leopardi, L’Infinito [L’Infini]

Giacomo Leopardi, L'Infinito

E il naufragar m’è dolce in questo mare. (Et m’abîmer m’est doux en cette mer.)