NC — Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Première partie

Notes contemplatives de lecture — Note contemplative n° 42-1

Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.

Notes de lecture

Je voudrais donner, prodiguer ma sagesse, jusqu’au jour où les sages d’entre les hommes se sentiront heureux de leur folie, les pauvres heureux de leur richesse. / Il me faudra pour cela descendre dans les profondeurs, comme tu le fais chaque soir, quand tu plonges au-dessous de la mer pour aller porter ta lumière au monde souterrain, astre débordant de richesse. / Il me faudra comme toi décliner, ainsi que le disent les hommes vers lesquels je veux descendre. […] Ainsi commença le déclin de Zarathoustra. p. 327.

[Une] fois que Zarathoustra fut seul, il se dit en son cœur : “Serait-ce possible ! Ce vieux saint dans sa forêt n’a pas encore entendu dire que Dieu est mort !” p. 329.

Le Surhumain est le sens de la terre. […] Blasphémer Dieu était jadis le pire des blasphèmes, mais Dieu est mort et morts avec lui ces blasphémateurs. Désormais le crime le plus affreux, c’est de blasphémer la terre et d’accorder plus de prix aux entrailles de l’insondable qu’au sens de la terre. p. 330.

L’homme est une corde tendue entre la bête et le Surhumain — une corde au-dessus d’un abîme. […] La grandeur de l’Homme, c’est qu’il est un pont et non un terme, ce qu’on peut aimer chez l’Homme, c’est qu’il est transition et perdition. p. 332.

Je vous le dis, il faut avoir encore du chaos en soi pour enfanter une étoile dansante. Je vous le dis, vous avez encore du chaos en vous. p. 334.

Qui nourrit l’affamé rassasie son âme ; ainsi parle la sagesse. p. 338.

Ce n’est pas une petite affaire que de savoir dormir ; il faut avoir veillé tout un jour pour y réussir. […] Tâche de découvrir dix vérités chaque jour, de peur que tu ne passes la nuit à chercher la vérité et que ton âme ne reste affamée. p. 343.

Bienheureux les pauvres en esprits, surtout quand on leur donne toujours raison. p. 344.

Par-delà tes pensées et tes sentiments, mon frère, il y a un maître puissant, un sage inconnu, qui s’appelle le Soi. Il habite ton corps, il est ton corps. / Il y a plus de raison dans ton corps que dans l’essence même de ta sagesse. Et qui sait pourquoi ton corps a besoin de l’essence de ta sagesse ? p. 349.

Je suis un parapet au long du torrent ; me saisisse qui pourra. Mais je ne suis pas votre béquille. p. 353.

Celui qui gravit les plus hautes montagnes se rit des jeux tragiques de la scène comme de la gravité de la vie. p. 354.

Je ne peux croire qu’à un Dieu qui saurait danser. / Et quand j’ai rencontré mon Diable, je l’ai trouvé grave, méticuleux, profond, solennel ; c’était l’esprit de Pesanteur. C’est lui qui fait tomber toutes choses / Ce n’est pas la colère, c’est le rire qui tue. Allons, sus à l’esprit de Pesanteur ! p. 354.

Voyez comme je me sens léger ; voyez, je vole ; voyez, je me survole ; voyez, un Dieu danse en moi. p. 355.

Il en est des hommes comme de cet arbre. / Plus il aspire à monter vers les hauteurs et la clarté, plus ses racines aspirent à s’enfoncer dans la terre, dans les ténèbres, dans les profondeurs — dans le mal. p. 355.

Il est des âmes que l’on ne découvrira jamais, à moins de les avoir inventées. p. 355.

L’homme noble […] est une pierre d’achoppement sur la route de tous les autres. / Même pour les bons, le noble est un obstacle, et, même quand ils lui donnent le nom de bon, c’est une façon de l’évincer. / L’homme noble veut créer du neuf et une neuve vertu. Le bon veut les vieilles choses, et conserver tout ce qui est vieux. p. 357.

Il y a des prédicateurs de mort, et la terre est pleine de gens à qui l’on devrait prêcher de renoncer à vivre. p. 357.

Je ne vous conseille pas le travail, mais la lutte. Je ne vous conseille pas la paix, mais la victoire. Que votre travail soit lutte, que votre paix soit victoire ! p. 360.

Ce qui est noble chez l’esclave, c’est la révolte. Pour vous [les guerriers], que votre noblesse soit d’obéir. Même quand vous donnez des ordres, que ce soit par obéissance. / Pour un vrai guerrier, “tu dois” sonne mieux que “je veux”. p. 360.

Il naît beaucoup trop d’hommes. L’État a été inventé pour ceux qui sont superflus. p. 361.

En vérité, quand on possède peu on est d’autant moins possédé. p. 363.

La vie des puits profonds se déroule avec lenteur ; il leur faut attendre longtemps avant de connaître ce qui est tombé dans leurs profondeurs. p. 364.

Et je vous proposerai aussi cette parabole : il en est beaucoup qui voulant chasser le diable qu’ils portaient en eux se sont eux-mêmes changés en pourceaux. / Si la chasteté vous pèse, il faut vous la déconseiller, de peur que la chasteté ne devienne pour vous la route de l’enfer, je veux dire fange et lubricité de l’âme. p. 367.

Es-tu esclave ? Tu ne pourras être ami. Es-tu tyran ? Tu ne pourras avoir d’amis. p. 368.

Les valeurs changent quand les créateurs changent. Si l’on veut créer, il faut commencer par détruire. p. 370.

Il y a eu à ce jour mille fins différentes, car il y a eu des milliers de peuples. Ce qui manque, c’est la chaîne passée à ces milles nuques, ce qui manque, c’est une fin unique. L’humanité n’a pas encore de fin. / Mais dites-moi, mes frères, si l’humanité souffre de manquer de fin, ne serait-ce pas qu’il n’y a pas encore d’humanité ? p. 371.

Vous conseillé-je l’amour du prochain ? Je vous conseillerais plutôt de fuir le prochain et de n’aimer que le lointain. p. 371.

Ce sont les plus lointains qui paient pour votre amour du prochain ; et dès que vous êtes cinq réunis, il faut qu’il y ait quelque part un sixième qui meure. p. 372.

Tu te dis libre ? Ce que je veux connaître c’est ta pensée souveraine ; je ne tiens pas à apprendre quel est le joug que tu as secoué. p. 373.

Celui qu’on hait le plus, c’est celui qui a des ailes. p. 374.

Il te faudra te consumer à ta propre flamme ; comment naîtras-tu de nouveau, si tu ne t’étais d’abord consumé ? p. 374.

Inventez donc la justice qui acquitterait tous les hommes, sauf celui qui juge. p. 378.

Il te faudra construire quelque chose qui te dépasse. Mais je te demande d’être d’abord bien construit toi-même, et bien d’équerre, de corps et d’âme. / […] Il te faudra créer un corps supérieur, un premier mobile, une roue qui tourne d’elle-même — il te faudra créer un créateur. p. 379.

Beaucoup meurent trop tard, et quelques-uns meurent trop tôt. Le précepte : “Meurs à temps” nous est encore étranger. […] Mais celui qui n’a jamais vécu à temps, comment pourrait-il mourir à temps ? Mieux vaudrait qu’il ne fût point né. C’est le conseil que je donne aux superflus. p. 380.

Chez les uns, c’est le cœur qui vieillit le premier ; chez les autres, c’est l’esprit. Et quelques-uns sont vieux dès leur jeunesse ; mais la jeunesse qui vient tard est celle qui tient le plus longtemps. p. 381.

Rare est la vertu suprême, inutile, et brillante d’un doux éclat ; la vertu suprême, c’est la vertu qui donne. § 1, p. 383.

Ce n’est pas seulement la raison des siècles, c’est aussi leur folie qui éclate en nous. Qu’il est dangereux de porter un héritage ! p. 385.

Médecin, guéris-toi toi-même ; tu guériras ton malade par surcroît. Ta meilleure cure sera de lui montrer un homme qui s’est guéri lui-même. § 2, p. 385.

Bibliographie

NIETZSCHE F., Œuvres, Paris, Flammarion “Mille et une pages”, 2003.

Voir aussi

« Le Syndrome du Funambule », Livre II : L’Essor – Le grand Midi selon Nietzsche.

« De Spinoza à Sartre », Fiche de lecture n° 3, Nietzsche, Ecce Homo.

Carnet de vocabulaire philosophique : Éternel Retour, Morale, Nihilisme, Ressentiment, Surhomme, Volonté de puissance.

Doctrines et vies des philosophes illustres : Épictète ; Socrate.

Fiches de lecture : Nietzsche, Généalogie de la morale ; Arrien de Nicomédie, Le « Manuel » d’Épictète ; Platon, Apologie de Socrate.

Notes contemplatives de lecture : Nietzsche : Ainsi Parlait Zarathoustra : IIIIIIIV ;  Le Gai Savoir ; Humain, trop humain : ILe Livre du philosophe, III – Le voyageur et son ombre ; Par-delà bien et mal ; Seconde Considération intempestive ; Héraclite : Fragments.


Dsirmtcom, décembre 2022.

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