NC — Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Troisième partie

Notes contemplatives de lecture — Note contemplative n° 42-3

Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.

Notes de lecture

Ce qui revient à moi, ce qui retrouve en moi sa patrie, c’est mon propre Moi, et la part de ce Moi qui avait longtemps séjourné en terre étrangère, dispersée parmi les hasards et les choses. p. 455.

À présent, tu vas enfin te mettre en route vers la grandeur. La cime et l’abîme se confondent à présent en une même résolution. p. 456.

Apprendre à détacher de soi son regard, c’est indispensable à qui veut beaucoup embrasser du regard ; c’est la dureté nécessaire à tout grimpeur de montagnes. p. 456.

Pour moi, plus d’un soleil s’était couché. p. 458.

Mais le courage est le plus habile des tueurs — le courage qui attaque. Il tuera même la mort, en disant : “Était-ce cela, la vie ? Soit ! Recommençons.” p. 459.

Regarde cette poterne, gnome […]. Elle a deux issues. Deux chemins se rejoignent ici ; nul ne les a suivis jusqu’au bout. / Cette longue route qui s’allonge derrière nous dure une éternité. Et cette longue route qui s’étire devant nous, c’est une autre éternité. / Ses chemins se contrecarrent ; ils se heurtent du front, et c’est ici, sous cette poterne, qu’ils se rencontrent. Le nom de la poterne est inscrit au fronton : “Instant”. p. 460.

[À] l’heure silencieuse de minuit où les chiens eux-mêmes croient aux fantômes. p. 461.

En vérité, ce que j’enseigne est bénédiction et non blasphème, quand je dis : “Au-dessus de toute chose s’étend le ciel de la Contingence, le ciel de l’Innocence, le ciel du Hasard, le ciel du Caprice.” / “Par hasard” — c’est la plus vieille noblesse du monde, je l’ai restituée à toutes choses, je les ai libérées de la servitude de la finalité. p. 467.

Voici un fleuve qui par de nombreux méandres remonte à sa source. p. 468.

[Montrer] ses piquants à de menus ennuis, c’est à mon avis une sagesse de hérisson. p. 469.

[Celui] qui donne des louanges fait semblant de rendre un bienfait, mais en réalité il désire recevoir encore. p. 469.

“Je sers, tu sers, nous servons” — c’est la litanie que déroule ici l’hypocrisie des maîtres eux-mêmes — et c’est un malheur quand le premier des maîtres n’est que le premier des serviteurs. p. 470.

Trop ménager et trop céder, c’est de cela qu’est fait le sol où vous vivez ; mais pour qu’un arbre croisse, il faut que de ses dures racines il enserre le roc dur. p. 472.

Faites ce que vous voudrez, mais soyez d’abord capables de vouloir ! p. 472.

Ma méchanceté favorite, mon tour préféré, c’est d’avoir enseigné à mon silence à ne pas se trahir par le silence. p. 474.

[Ma] devise, c’est : “Laissez venir à moi le hasard ; il est innocent comme un petit enfant.” p. 475.

Les dieux anciens sont depuis longtemps morts ; et en vérité ils sont morts d’une bonne mort joyeuse, comme il sied à des dieux. / Ils n’ont pas passé par un “crépuscule” — c’est un mensonge ; Bien plutôt sont-ils un beau jour morts — de rire ! p. 482.

Ô solitude, solitude ma patrie ! J’ai trop longtemps vécu à l’étranger, en étranger, pour ne pas te revenir avec larmes. […] Une chose est l’abandon, autre chose est la solitude […]. p. 482.

Dans les ténèbres, […] tout nous pèse plus que dans la lumière. p. 483.

Pour tout comprendre de l’homme il faudrait s’attaquer à tout ce qui est en lui ; mais j’ai pour cela les mains trop nettes. p. 484.

On désapprend ce que sont les hommes en vivant parmi les hommes ; chez tous il y a trop de premier plan bien en vue ; à quoi servent alors des yeux perçants, épris de lointains ? p. 484.

C’est presque dès le berceau qu’on nous dote de paroles pesantes, de valeurs pesantes appelées « bien » et “mal”, car tel est le nom de ce patrimoine. Au prix de ces valeurs-là, on nous pardonne de vivre. p. 491.

L’homme est difficile à découvrir, surtout quand il s’agit de se découvrir lui-même. Souvent l’esprit ment au sujet de l’âme. Voilà l’œuvre de l’esprit de Pesanteur. / Mais celui qui a su se découvrir lui-même proclame : “Voici mon bien, voici mon mal.” Du coup il a fermé la bouche à cette taupe, à ce nain qui dit : “Un seul bien pour tous, un seul mal pour tous”. / En vérité, je n’aime pas non plus ceux qui déclarent que toutes choses sont bonnes et ce monde le meilleur des mondes. Je dis qu’ils ont la satisfaction facile. p. 492.

Voilà — c’est là mon chemin ; — et vous, où est le vôtre ? C’est ce que je réponds à ceux qui me demandent “le chemin”. Le chemin, en effet — cela n’existe pas ! p. 493.

Personne ne me raconte plus rien de nouveau, je vais donc me raconter à moi-même. p. 494.

Affranchir le passé dans l’homme et transmuer tout “ce fut”, jusqu’à ce que le vouloir déclare : “Mais je l’ai voulu ! Et c’est ce que je voudrai désormais !” p. 496.

L’homme vulgaire veut vivre sans rien donner en retour, mais nous à qui la vie s’est donnée, nous songeons sans cesse à ce que nous pourrions lui offrir en retour. p. 497.

J’aime de toute ma tendresse ceux qui périssent ; car ils franchissent le pont. p. 498.

C’est au voisinage de la mauvaise conscience que toute science a pris naissance et s’est développée jusqu’à ce jour. Brisez, disciples de la Connaissance, oh ! brisez les tables anciennes ! p. 498.

[La] mémoire de l’homme du commun remonte jusqu’à son grand-père, mais au-delà de ce grand-père le temps cesse. p. 500.

C’est le pays de vos enfants qu’il vous fait aimer, et cet amour sera votre noblesse nouvelle — pays encore à découvrir, sur la mer la plus lointaine. p. 502.

Car ce sont tous des esprits souillés, surtout ceux qui n’ont trêve ni cesse qu’ils n’aient vu le monde par-derrière — les ultramondains ! / À ceux-là je dirai en face, bien que ceci ne soit pas plaisant à entendre : le monde ressemble à l’homme en ceci, qu’il a un postérieur — stupéfiante vérité ! p. 503.

[L’esprit] n’est en effet qu’un estomac. ! p. 504.

[Ce] qu’il y a de meilleur doit régner, ce qu’il y a de meilleur veut régner. Et lorsqu’on enseigne autre chose — c’est que le meilleur manque. p. 508.

Et que l’on estime perdue toute journée où l’on n’aura pas au moins une fois dansé ; et que l’estime fausse toute vérité qui ne s’est pas une fois accompagnée de rires ! p. 509.

L’important n’est pas seulement de propager votre espèce ; il faut aussi la porter plus haut. p. 509-510.

Les bons ont toujours été le commencement de la fin.p. 511.

[Celui] qui découvrit ce pays qui s’appelle “l’homme” a découvert aussi le pays de “l’avenir humain”. § 28, p. 512.

Fais que je sois un jour prêt et mûr pour le grand Midi […]. p. 513.

À chaque âme appartient un monde à part ; à chaque âme, chacune des autres âmes est un outre-monde.p. 515.

Tout passe et tout revient, éternellement tourne la roue de l’être. Tout meurt, tout refleurit ; éternellement se déroule le cycle de l’être. […] L’existence commence à chaque instant ; autour de chaque “ici” gravite la sphère de “là-bas”. Le centre est partout. La route de l’éternité revient sur elle-même. p. 516.

[L’homme] a besoin de ce qu’il a de pire en lui s’il veut parvenir à ce qu’il a de meilleur ; / c’est que le pire est le meilleur de sa force, et la pierre la plus dure qui s’offre au bâtisseur suprême, c’est qu’il faut que l’homme devienne à la fois meilleur et pire. p. 517.

Les âmes sont mortelles comme les corps. § 2, p. 519.

Je reviendrai avec ce soleil, avec cette terre, avec cet aigle, avec ce serpent — non pas dans une vie nouvelle, dans une meilleure, ni dans une vie semblable : / je reviendrai éternellement pour cette même et identique vie, avec toutes ses grandeurs et toutes ses misères, pour enseigner de nouveau le Retour éternel de toute chose, / pour annoncer de nouveau le grand Midi de la terre et des humains, pour annoncer de nouveau aux hommes le Surhumain. […] Ainsi — finira le déclin de Zarathoustra. p. 519.

Bibliographie

NIETZSCHE F., Œuvres, Paris, Flammarion “Mille et une pages”, 2003.

Voir aussi

« Le Syndrome du Funambule », Livre II : L’Essor – Le grand Midi selon Nietzsche.

« De Spinoza à Sartre », Fiche de lecture n° 3, Nietzsche, Ecce Homo.

Carnet de vocabulaire philosophique : Éternel Retour, Morale, Nihilisme, Ressentiment, Surhomme, Volonté de puissance.

Doctrines et vies des philosophes illustres : Épictète ; Socrate.

Fiches de lecture : Nietzsche, Généalogie de la morale ; Arrien de Nicomédie, Le « Manuel » d’Épictète ; Platon, Apologie de Socrate.

Notes contemplatives de lecture : Nietzsche : Ainsi Parlait Zarathoustra : IIIIIIIV ;  Le Gai Savoir ; Humain, trop humain : ILe Livre du philosophe, III – Le voyageur et son ombre ; Par-delà bien et mal ; Seconde Considération intempestive ; Héraclite : Fragments.


Dsirmtcom, décembre 2022.

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