Luz y Caballero, El Filósofo y sus palabras [Le Philosophe et ses paroles]

Essais Philosophiques CubainsJosé de la Luz y Caballero, Aforismos

El Filósofo y sus palabras – Le Philosophe et ses paroles

Telle une abeille, le philosophe recueille, choisit et assimile le miel sucré et la cire éclairante.

Le philosophe est (et doit être) comme la bougie : il brûle et se consume pour éclairer les autres.

Le génie philosophique présuppose le germe artistique. Et l’art lance en éclairs la plus profonde philosophie, parfois sans avoir conscience de son œuvre.

Le philosophe doit s’impatienter et non se désespérer de la cause de l’humanité.

La philosophie doit plus aux intolérants qu’aux conciliateurs.

Le penseur est toujours en train de conjuguer le verbe au présent, au passé et au futur.

L’homme est d’autant plus sage, quand plus de raisons d’induction se présentent à lui. / Par sage, j’entends plus compréhensif et plus pratique.

L’esprit en vient à être hermaphrodite dans la production des idées ; mais il n’est pas nécessaire de penser au-delà de ce que l’on a déjà conçu, pour engendrer, donner le jour à de nouveaux enfants. Le monde ne sert que d’occasion, de motif, mais il n’est déjà plus fécondateur ni incubateur.

Quel grand penseur a cessé d’écrire ? / Génie, père naturel de la pensée ; l’écriture, son éducateur. / Mère aussi l’écriture de pensées intermédiaires, ou de maillons qui lient les grandes conceptions.

Les écrits sont des sépulcres qui conservent le nom et la mémoire de chacun.

Livres : il arrive une époque où l’on a plus envie de les faire que de les lire. / Une autre s’anticipe où ils se font sans vouloir les faire ; soulagement aussi nécessaire au cœur que le soupir à la poitrine. / Quand la pensée est très active, même lorsqu’on ne les fait pas, et sans vouloir les faire, ils ne détournent pas l’attention des faits, ni des leurs ni de ceux des autres.

La propension des gens à généraliser – surtout à moraliser – et si la maxime ne leur vient pas à l’esprit, ici est le trésor universel des proverbes. / Quelle preuve de plus de la destinée morale de l’humanité ? Que tout ne doit pas nécessairement être du pain et de l’argent.

Feijóo1 a écrit un discours sur la faillibilité des proverbes (de certains) : j’écrirais un volume sur la profonde infaillibilité du plus grand nombre. / Cependant, Feijóo a bien fait, surtout pour ce méridien. / « Le fou en sait plus dans sa propre maison que le sage dans celle d’un autre2. » Celui-ci vaut tout ce qu’il pèse. Decipimur specie recti.3

Il y a des mots qui sont morts physiquement et qui vivent moralement ou métaphysiquement. Expliquer, qui signifie déplier, ne s’applique qu’au développement des idées. / En italien, au contraire, il préserve sa vie physique, ayant perdu celle morale, et donc spiegare équivaut à l’espagnol expliquer. / Dans le mélange des familles, les unes obtiennent les traits et les autres le caractère de leurs progéniteurs. / C’est pourquoi la même chose qui est ôtée dans l’original s’évanouit dans la copie.

Nouvel exemple de coïncidence dans la pensée. / J’ai appelé le magnétisme animal sommeil-veille, et c’est ainsi que l’appellent les Allemands. / Autre exemple. Townshend4, parlant de la nature, dit : « tout est merveilleux ou rien n’est merveilleux » (1841). En 1840, j’avais dit : « Dans la nature, tout est miracle, ou rien n’est miracle. »

Bibliographie

LUZ Y CABALLERO J. (de la), Obras – Aforismos, La Habana, Ediciones Imagen Contemporánea, 2001.


Traduction et annotations : Patrick Moulin, MardiPhilo.fr, février 2024.

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Notes

  1. Benito Jerónimo Feijoo, philosophe espagnol du XVIIIe siècle (source : Ecured). ↩︎
  2. Proverbe espagnol : “Más sabe el loco en su casa que el cuerdo en la ajena” (source Centro Virtual Cervantes). ↩︎
  3. Decipimur specie recti : locution latine : “L’apparence de la vérité nous trompe”. ↩︎
  4. Chauncy Hare Townshend, Facts in mesmerism, with reasons for a dispassionate inquiriry into it, texte en ligne. ↩︎

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