Poésie – José Lezama Lima, María Zambrano

Poésie et Philosophie

Poésie n° 22

María Zambrano

María se nos ha hecho tan transparente
que la vemos al mismo tiempo
en Suiza, en Roma o en La Habana.

Acompañada de Araceli
no le teme al fuego ni al hielo.

Tiene los gatos frígidos
y los gatos térmicos,
aquellos fantasmas elásticos de Baudelaire
la miran tan despaciosamente
que María temerosa comienza a escribir.

La he oído conversar desde Platón hasta Husserl
en días alternos y opuestos por el vértice,
y terminar cantando un corrido mexicano.

Las olitas jónicas del Mediterráneo,
los gatos que utilizan la palabra como,
que según los egipcios unía todas las cosas
como una metáfora inmutable,
le hablaban al oído
mientras Araceli trazaba un círculo mágico
con doce gatos zodiacales,
y cada uno esperaba su momento
para salmodiar El libro de los muertos.

María es ya para mí
como una sibila
a la cual tenuamente nos acercamos,
creyendo oír el centro de la tierra
y el cielo de empíreo,
que está más allá del cielo visible.

Vivirla, sentirla llegar como una nube,
es como tomar una copa de vino
y hundirnos en su légamo.

Ella todavía puede despedirse
abrazada con Araceli,
pero siempre retorna como una luz temblorosa.

María Zambrano

María s’est rendue si transparente pour nous
que nous la voyons en même temps
en Suisse, à Rome ou à La Havane.

Accompagnée d’Araceli
elle n’a peur ni du feu ni de la glace.

Elle a des chats réfrigérants
et des chats thermiques,
ces fantômes élastiques de Baudelaire
la regardent si minutieusement
que c’est craintivement que María commence à écrire.

Je l’ai entendue converser depuis Platon jusqu’à Husserl
en jours alternés et opposés par le sommet,
et finir en chantant une romance mexicaine.

Les vagues ioniennes de la Méditerranée,
les chats qui utilisent le mot comme,
qui selon les Égyptiens unissait toutes les choses
comme une métaphore immuable,
ils lui ont parlé à l’oreille
tandis qu’Araceli traçait un cercle magique
avec douze chats zodiacaux,
et chacun attendait son moment
pour psalmodier Le Livre des Morts.

María est désormais pour moi
comme une sibylle
dont nous nous rapprochons imperceptiblement,
croyant entendre le centre de la terre
et le ciel de l’empyrée,
qui est bien au-delà du ciel visible.

La vivre, la sentir arriver tel un nuage,
C’est comme prendre un verre de vin
et s’enfoncer dans sa lie.

Elle peut toutefois prendre congé
enlacée avec Araceli,
mais toujours elle revient comme une lumière tremblante.

Bibliographie

EUROPE (revue), José Lezama Lima, n° 979-980 / Novembre-Décembre 2010.

LEZAMA LIMA J., Poesia completa [texte intégral au format PDF].


Patrick Moulin, MardiPhilo.fr, novembre 2023.

Philosophie, #JeudiCestPoésie, Poésie, Poesia, Cuba, Espagnol, Español, Jeudi c’est Poésie, José Lezama Lima, María Zambrano

Poésie – José Lezama Lima, María Zambrano #Philosophie #Poésie #JeudiCestPoésie #Poesia #Cuba #Espagnol #Español #Zambrano

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.